[Saint-Sulpice-la-Forêt (Ille-et-Vilaine) 1 400 hab.] Depuis le printemps, plus besoin de désherber entre les tombes à Saint-Sulpice-la-Forêt : la plante vivace Herniaria glabra, piétinable et résistante aux aléas de la météo, tapisse dorénavant le sol. Autour du cimetière récent, une clôture en bois a été posée et les grilles d’eaux pluviales réglées aux normes d’accessibilité des personnes à mobilité réduite. Les sapins du site, débités, ont servi à la construction des aires de service (point d’eau, compost, poubelles).
Ecolo-sensible et contrainte par la loi « zéro phyto » de 2014, en vigueur dans les cimetières à compter de juillet 2022, la commune, située dans la métropole de Rennes, a entamé un projet de réaménagement et de reverdissement de ses deux cimetières. « La tonte et le désherbage manuel ont lieu une fois par semaine et la taille autour du cimetière une fois dans l’année », indique Bruno Gabillard, responsable des services techniques.
Un effet gazon
« Dans l’ensemble, cela demande davantage de travail, poursuit-il. Mais l’enrobé coûte cher car il faut faire des canalisations et des travaux de terrassement. Et, au final, la végétation revient toujours. » Une couche de Terram (résille recyclée) vient d’être posée dans les allées. « En laissant passer l’herbe, cette maille verte donne un “effet gazon” et permet au véhicule du marbrier ainsi qu’aux personnes à mobilité réduite de circuler », explique Bruno Gabillard.
Pour réaliser le projet, qui comprend le réaménagement des ancien et nouveau cimetières, du monument aux morts et de l’église romane du XIIe siècle, la municipalité a fait appel à Adélaïde Fiche, architecte-paysagiste de l’entreprise Folk paysages. « Certaines personnes viennent au cimetière deux fois par jour, constate-t-elle. Je veux y ramener la vie et l’esprit “jardin”. » Dorénavant, les deux cimetières seront séparés et munis d’une clôture, comme le prévoit la loi. Entre les deux, un espace ouvert où habitants et visiteurs se promèneront librement.
Les plantes vont-elles envahir les allées ?
« Le lieu minéral du cimetière ne correspond pas aux nouvelles générations, nous voulions que les gens se disent “Je vais au cimetière pour visiter les personnes décédées, mais aussi parce que c’est agréable”, souligne Annaïg Pinçon, adjointe au maire chargée de l’urbanisme et du patrimoine. Des communes alentour nous contactent pour venir voir ce que nous faisons. »
Les douze retraités du conseil des sages de la commune, qui ont notamment apporté l’idée des porte-arrosoirs, ont été associés au projet. Ils restent prudents : « Nous ne sommes ni pour, ni contre, mais interrogatifs, affirme Gérard Hugoo, leur président. Certains ont peur que ce soit sale, que les fougères, les pissenlits et les liserons envahissent les allées et l’arrière des tombes. La mairie répond qu’il faut laisser faire le temps. Ce n’est pas faux. » « Dès que l’on touche à un cimetière, les gens réagissent très vite, remarque pour sa part Bruno Gabillard. C’est un endroit très sensible. »
Même le monument aux morts a été déplacé, mi-octobre, à l’occasion de son centenaire. Il trône dorénavant à l’entrée du site, afin de laisser place à un jardin des mémoires recueillant les cendres des personnes crématisées.
Contact. Annaïg Pinçon, adjointe au maire chargée de l’urbanisme et du patrimoine, annaig.pincon@saint-sulpice-la-foret.fr, 02.99.66.23.63.
Un espace dédié aux tombes en pleine terre
A côté des tombes traditionnelles en granit du cimetière de Saint-Sulpice-la-Forêt, un espace gazonné est destiné à accueillir des tombes en pleine terre. Il s’agit de sépultures dans lesquelles le cercueil est placé directement dans la terre, recouvertes de plantes, de fleurs ou de pelouse. « Ce projet permet aussi aux Sulpiciens de réfléchir à la pleine terre, sans caveau ni pierre tombale, explique l’adjointe au maire Annaïg Pinçon. Souvent, les gens ne savent pas que cela existe. » Il y aura aussi un dépôt de cendres sur des copeaux de bois.« Ces nouveaux projets vont un peu vite. En Bretagne, on ne rigole pas sur le cimetière, tempère Gérard Hugoo, président du conseil des sages de la commune. Quand on nous parle de bancs avec des familles et des enfants, ça interroge beaucoup les vieux Sulpiciens. Le poil se hérisse chez certains. Quelqu’un m’a même dit “Pourquoi pas un pique-nique aussi ?” »
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