Le Groupement national des directeurs généraux d’associations du secteur éducatif, sanitaire et médicosocial (GNDA) et neuf fédérations (APF France handicap, l’Apajh, la Croix Rouge Française, la Fehap, Nexem, l’Unapei, la Cnape, la Fisaf et l’Uniopss) ont adressé début septembre un courrier aux élus départementaux pour les alerter à nouveau sur les dangers d’une iniquité de traitement entre professionnels.
« Nous avons alerté dès le début du Ségur et pendant la mission Laforcade, souligne Jérôme Voiturier directeur général de l’Uniopss. Il y a eu un accord de méthode qui propose des choses intéressantes, mais ne résout pas tous les problèmes. Il y a une grande disparité et des inégalités entre les professionnels d’Ehpad et des structures sanitaires d’un côté, et les autres. » Ces professionnels, qui se sont sur-mobilisés pendant la crise du Covid, sont épuisés, démobilisés et attendent au moins une revalorisation salariale.
Alors que le Premier ministre a annoncé pour le 1er octobre des revalorisations salariales pour certaines catégories, les professionnels sociaux et médico-sociaux des secteurs du handicap, de l’aide à domicile ou de la protection de l’enfance restent écartés. Selon le GNDA, près de 241 000 professionnels du secteur privé non lucratif sont concernés, dont :
- 19 000 pour le secteur des personnes âgées,
- 85 000 pour celui des personnes en situation de handicap,
- 72 000 dans le secteur de la protection de l’enfance,
- 33 000 dans le secteur de l’aide à la famille
- 32 000 dans le secteur de l’insertion.
Non-décision
L’agrément de l’avenant 43 pour le secteur de l’aide à domicile ne résout pas non plus l’équation : « Nous avons une forte interrogation sur les territoires de la prise en charge, explique Jérôme Voiturier. Cette situation de non-décision crée de fortes tensions, de la concurrence entre les structures, entre institutions publiques et privées, entre les professionnels d’un même secteur. » Et l’abandon d’une grande loi autonomie ajoute à l’insatisfaction, car elle aurait pu permettre d’aborder les sujets qui, au-delà des salaires, attendent résolution : formation, qualité de vie au travail, etc.
Les signataires envisagent des mobilisations, en attendant la conférence sociale avec l’ensemble des financeurs prévue avant décembre 2021. Ainsi, l’Uniopss donne rendez-vous le 6 octobre pour « faire entendre la voix de toutes ces personnes engagées au quotidien sur le terrain ». Pour l’heure, l’ADF n’a pas encore apporté de réponse formelle à cette interpellation, mais Frédéric Bierry, son vice-président et président de la commission Solidarité, santé et travail, explique que si sur le fond, il estime nécessaire de revaloriser les métiers, la forme lui convient moins.
« Coup de Bercy »
« La posture de l’État qui fait des cadeaux avec l’argent des autres, ce n’est pas acceptable, assure-t-il. L’avenant 43 est applicable à partir du 1er octobre et on nous impose de le mettre en œuvre pour une compétence qui a été décentralisée. Cette démarche est irrespectueuse d’une libre administration d’une collectivité, avec des compétences qui ont été clairement transférées. Deuxième motif d’insatisfaction, la compensation de l’État est incomplète et non pérenne. »
Par ailleurs, le président de la Collectivité européenne d’Alsace a fait les comptes, et il recommande aux autres départements de faire de même : « L’avenant 43 va générer l’augmentation des salaires nets, qui va profiter aux salariés, mais également une augmentation des charges assises sur les salaires. Concrètement, l’exonération Fillon ne sera plus applicable. Double scandale : les salaires vont fortement augmenter et au-delà, les charges patronales vont augmenter de plus de 50 %. » Ce « coup de Bercy » ne passe pas, l’ADF estime que l’État va récupérer plus de 300 millions d’euros en charges patronales, soit plus que ce qu’il va verser comme subventions…
Déçu du report de la loi Grand âge, conscient de l’explosion de la demande sociale, Frédéric Bierry partage l’analyse des fédérations : « Sans la loi autonomie, nous n’aurons pas les financements nécessaires pour faire face aux enjeux du vieillissement. Sans parler des autres secteurs du social et médicosocial. Mais les départements ne sont pas les dindons de la farce. »
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