« Carton plein », « forte affluence » ou, plus rarement, « timide fréquentation » : les premiers forums de rentrée témoignent d’une envie des pratiquants de retrouver une activité en club. Et ce, malgré le passe sanitaire exigé à l’entrée des équipements. « L’entrée au forum a été soumise au passe et les associations ont bien expliqué sa nécessité cette année, explique Nadia Descot, directrice des sports de Brunoy, en région parisienne (25 500 hab). Jusqu’ici, cela n’a pas freiné les inscriptions, ni diminué le nombre de licenciés ».
Initiation au passe
« Il faut attendre que les inscriptions soient bouclées pour avoir un ressenti global sur l’impact du passe, pointe Cyril Cloup, directeur de l’association nationale des élus en charge du sport (Andes). Les premiers retours montrent que les adultes compétiteurs ont repris et bien accepté le passe et la vaccination. Il risque d’y avoir un peu plus de pertes pour le sport de loisirs et il reste des inconnus concernant les mineurs de plus de 12 ans : leurs parents les réinscrivent souvent sans connaître l’obligation de présenter le passe à partir du 30 septembre. Par ailleurs, cette obligation pourrait être plus complexe à mettre en place dans certains territoires en politique de la ville ou ruraux, plus éloignés de la vaccination ».
Qui contrôle ?
C’est un peu ce que redoute Nadia Descot à Brunoy pour certaines activités avec des jeunes de quartiers prioritaires. Mais la directrice des sports a aussi pris soin de communiquer largement, dès fin juillet, auprès des 28 clubs et associations de sport de la ville. Elle leur a construit un powerpoint descriptif qu’eux-mêmes ont utilisé pour expliquer le passe à leurs adhérents. Aujourd’hui, ce sont les agents du service qui assureront les contrôles des passes à l’entrée des équipements pour les entraînements, tandis que les clubs les prendront en charge lors des événements sportifs.
Dans la beaucoup plus grande ville de Villeurbanne (150 000 habitants), Xavier Fabre, le directeur des sports, préfère déléguer le contrôle aux 220 clubs utilisateurs des équipements : « Nous aideront bien sûr les clubs en cas de besoin, dit-il. Mais les associations devront assurer ces contrôles dans le cadre des conventions d’utilisation. » Le même esprit a prévalu à Objat, commune 3 800 habitants en Corrèze, où la ville a proposé aux 18 associations sportives de s’engager dans un contrat de confiance : « Chacune, en tant qu’utilisatrice de l’équipement, s’est engagée à respecter les règles sanitaires pour utiliser les équipements, note Philippe Vidau, le maire. Cela a valu pour les règles de distanciation ou la désinfection des lieux. Et aujourd’hui, pour le passe sanitaire qu’elle se charge de contrôler ».
Récurrence en question
Concernant la récurrence des contrôles, la règle reste, insiste Cyril Cloup, « qu’il faut faire un contrôle systématique du passe… Même si nous avons demandé, comme différents acteurs, que cette récurrence soit supprimée pour les schémas vaccinaux complets, pour faciliter la vie du club ». (Secret médical oblige, on ne peut demander à la personne si elle a le passe parce qu’elle est vaccinée ou parce qu’elle a fait un test PCR de moins de 72 heures). Mais, sur le terrain, les pratiquants qui se déclarent vaccinés seront-ils tenus de présenter leur passe toute l’année ? « Le club n’a pas à demander ni à savoir, bien sûr, dit Nadia Descot, à qui quatre des 13 agents, non vaccinés, présentent tous les trois jours un passe pour pouvoir travailler. Mais que faire si les gens d’eux-mêmes disent qu’ils sont vaccinés ? »
Par ailleurs, si pour l’instant, Nadia Descot estime que les refus de présenter le passe et de se faire vacciner restent « marginaux » – un président de club d’arts martiaux a démissionné, deux entraîneurs de judos, deux joueurs de l’équipe première de hand -, elle est plus circonspecte quant à l’application des règles concernant les mineurs, ceux des clubs et les scolaires. « Il y a un flou entre des scolaires qui n’auront pas d’obligation de présenter un passe et les sportifs qui, dès 12 ans, y seront obligés », avance-t-elle. Effectivement, note Cyril Cloup : « Pourquoi cette dualité entre les scolaires et les non scolaires ? interroge-t-il. Un jeune qui s’entraîne à 16 heures sans passe avec l’école, doit présenter son passe dans le même équipement pour son entraînement de basket à 18 heures… Comment comprendre les enjeux de cette mesure et comment l’expliquer aux parents et aux bénévoles ? »
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