C’est la question épineuse de ces derniers jours : faut-il instaurer ou non la vaccination obligatoire ? Face à une situation sanitaire toujours très instable, avec la progression du variant Delta et un taux d’incidence à la hausse, le gouvernement s’interroge sur la marche à suivre pour résoudre la crise. Le vaccin apparaît bien comme l’une des clés, mais la campagne de vaccination stagne et le sujet de l’obligation vaccinale se pose.
Plusieurs réunions ont eu lieu cette semaine à Matignon avant un nouveau Conseil de défense sanitaire lundi 12 juillet et la présentation éventuelle d’un projet de loi examiné au Parlement dès fin juillet. Jeudi 8 juillet, c’était au tour des élus locaux d’être entendus. Et le sujet ne fait pas vraiment consensus.
Concernant les soignants, Régions de France, l’Assemblée des départements de France (ADF) et l’Association des maires ruraux (AMRF) sont sur la même longueur d’onde. « Il faut y aller clairement sur la vaccination obligatoire des personnels soignants, a déclaré à plusieurs reprises Jean Rottner, président de la région Grand Est et médecin urgentiste. Aujourd’hui, quand on rentre à l’hôpital ou dans un établissement de soins, si on veut y travailler, on doit obligatoirement être vacciné et faire état d’un statut vaccinal avec par exemple l’hépatite. »
🟢 Aujourd’hui
Non vacciné
👉 c’est 12X plus de risque de transmettre le virus
👉 c’est 4X plus de risque d’être infectéOn peut se mettre tous les noeuds du monde dans le cerveau.
Mais vaccinez vous !— Jean ROTTNER (@JeanROTTNER) July 8, 2021
André Accary, président de Saône-et-Loire et représentant de l’ADF, estime que cela devrait aussi concerner tous les intervenants à domicile, en contact avec des personnes fragiles, âgées ou porteuses de handicap.
Vaccination obligatoire pour tous
Pour Michel Fournier, maire de Voivres (Vosges), et président de l’AMRF, il faut même aller plus loin. « Nous sommes pour la vaccination obligatoire pour tous au risque de susciter des incompréhensions entre les différentes catégories de population, explique-t-il à la Gazette. Cela ne sert à rien de faire des distinctions entre les personnes qui travaillent au contact du public ou non car finalement, nous sommes tous en contact les uns avec les autres, que ce soit un commerçant qui reçoit des clients, ou un professionnel de santé avec un patient. » A titre personnel, le président de Saône-et-Loire rejoint cette position : « Cela ne fait pas l’unanimité. Mais étant donné que le vaccin est le seul traitement qui existe, cela m’apparaît comme la seule solution. »
L’AMF pointe le risque de stigmatisation
L’Association des maires de France souhaite quant à elle rester en retrait de cette décision. « Nous pensons que cette question relève de la responsabilité de l’Etat et non des collectivités territoriales, tranche André Laignel, vice-président de l’AMF. Nous attirons tout de même l’attention du gouvernement sur le fait que cette décision ciblée sur une catégorie de la population relève d’une discrimination et ne semble pas opportune, eu égard à l’implication très grande de ces professionnels pendant la crise. Ils l’ont fait dans des conditions de travail détériorées. A cela s’ajoute le fait que c’est un secteur qui connaît de grandes difficultés de recrutement. Il faut que l’on nous démontre que ce sont eux qui ont été porteurs afin de justifier leur ciblage. Vouloir procéder par obligation et contraindre plutôt que convaincre risque de les affaiblir encore plus. Cela serait contre-productif. »
Mais alors comment inciter davantage à la vaccination ? Au niveau national, des spots télé et radio sont diffusés. 2000 médiateurs de lutte anti-covid seront déployés tout l’été via les ARS sur les plages et les lieux de loisirs afin de rappeler les gestes barrière aux vacanciers mais aussi d’encourager à la vaccination. Jean Rottner défend de son côté l’arrêt de la gratuité des tests pour pousser les Français à se faire vacciner. A l’occasion de son élection à la tête de Régions de France, Carole Delga a elle appelé de ses vœux une « grande campagne nationale pour lever les barrages et montrer la nécessité de cette vaccination pour protéger nos populations, leur permettre de vivre normalement, et assurer la reprise économique qui reste fragile ».
Au niveau local, des initiatives se développent comme en Saône-et-Loire avec un « Vaccibus » qui se déplacera dès lundi dans les entreprises. « Je pense qu’il faut être au plus proche de la population. Si on veut augmenter le taux de vaccination, il faut que les gens puissent se faire vacciner partout et sans contrainte de prise de rendez-vous ou de déplacement », insiste André Accary.
Une vaccination de proximité aussi défendue par l’AMF. « Il faut développer des dispositifs de vaccination itinérants pour aller au plus près des réticents, poursuit André Laignel. Cela passe aussi par une place plus importante donnée à la médecine de ville car nous savons que les médecins référents sont ceux qui peuvent le mieux persuader les citoyens des bienfaits de la vaccination. On peut aussi cibler davantage la communication vers les publics les plus fragiles… Il existe toute une série de mesures qui sont à notre sens plus efficaces qu’une contrainte qui sera mal vécue. »
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