C’est en travaillant avec l’Adullact, dans le cadre d’un dépôt de dossier du plan de relance en vue de créer une plateforme IOT en open source, et entre collectivités, que cette question s’est posée avec acuité dans le cas des collectivités territoriales.
En effet, depuis que l’on évoque la mise en place des projets de chambre de commandement, de supervision, de jumeaux numériques financés par le biais des appels d’offres à plusieurs centaines de milliers d’euros, la question de la propriété de ces plateformes en termes de patrimoine numérique des collectivités territoriales est rarement évoquée. Tout cet argent public investi reviendra-t-il aux générations futures ? Les modèles économiques des entreprises vendant des services de modernisation aux collectivités territoriales leur sont favorables. Ceci même quand les collectivités participent financièrement aux développements de ces nouveaux services numériques.
En effet, la propriété du code source leur est rarement donnée. Alors que les entreprises sont à même de capitaliser sur ces développements, les collectivités ne peuvent le faire sur leurs investissements.
Elles auront donc beau avoir investi des millions d’euros pour moderniser leur infrastructure numérique, elles ne pourront souvent que récupérer de « la donnée » et la structuration de quelques applications de programmation d’interfaces. Finalement, à l’issue de tous ces investissements financiers, pas une seule ligne de code source logiciel ne sera partagée entre collectivités et transmise aux générations à venir.
Absence d’architecture commune entre collectivités
Par-delà l’intérêt de conserver le patrimoine des multiples applications numériques achetées, dont certaines ont été arrêtées, se pose la question de l’architecture numérique globale des collectivités.
Faut-il ainsi démultiplier les plateformes IOT, les GMAO, les SIG, les GRU, les GST, parfois au sein de mêmes territoires à travers différentes collectivités (agglomération, département, région) ? Ou peut-on considérer que l’architecture numérique des territoires est un bien durable dont on doit garantir la transmission et la mutualisation ?
Cette absence d’architecture commune entre collectivités, dans un contexte de modernisation permanente, est également en train de fragiliser de grands partenaires privés qui rencontrent des problèmes pour maintenir le développement de leurs applications du fait des difficultés à anticiper les standards et les normes de demain.
N’est-il pas temps d’inventer de nouveaux modèles économiques entre partenaires privés et publics pour préserver le patrimoine numérique des territoires et éviter le développement de solutions identiques ? Le modèle de développement des entreprises offrant des solutions open source aux collectivités prouve bien, si besoin est, qu’il est possible de concilier intérêt privé et intérêt public. Le partage du code source est-il la garantie de la pérennité d’une architecture numérique des territoires ? C’est en tout cas tout l’enjeu de la transmission d’un patrimoine numérique anticipant les usages du service public de demain.
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