La commission des affaires sociales du Sénat auditionnait le ministre des Solidarités et de la santé, le 23 juin, pour tirer un bilan du Ségur de la Santé. Des sénateurs ont ainsi interrogé Olivier Véran sur les « oubliés du Ségur », ces travailleurs de la première ligne, dont font partie les travailleurs sociaux, qui n’ont pas bénéficié des revalorisation salariales.
La sénatrice (PS) de Loire-Atlantique, Michelle Meunier, lui a ainsi exposé le cas d’un établissement « public qui gère du médicosocial, enfant et adulte, qui va avoir trois profils de salariés différents, selon qu’ils soient personnels soignants, personnels administratifs, aides-soignants… »
Esprit originel
L’élue a donc demandé de la clarté au ministre pour pouvoir définir plus précisément les « oubliés du Ségur ». Un terme qu’Olivier Véran ne trouve pas adéquat. Pour le prouver, il a rappelé les objectifs du Ségur.
« L’esprit du Ségur de la santé, initial [le ministre a appuyé ces deux derniers mots], c’était, en sortie de crise Covid, de pouvoir répondre à des revendications de soignants à l’hôpital. » La première vague de la pandémie suivait, en effet, des mois de revendications des personnels hospitaliers – notamment des services d’urgence – pour des revalorisations salariales. 300 euros mensuels étaient notamment réclamés.
« Au cours du Ségur, il a été arrêté dans un accord majoritaire, qu’au-delà même des soignants, c’est-à-dire les infirmières, les aides-soignants… tout le monde toucherait une revalorisation. Y compris le cantinier, le personnel administratif, etc., 1,5 million de personnes ! » s’est félicité le ministre. Qui ajoute que la somme demandée a même été largement dépassée pour certains métiers dont les augmentations sont de 500 euros, « voire 600 ».
« Effet reconventionnel »
Mais, au-delà des personnels soignants des hôpitaux et des Ehpad, le gouvernement a fait face à des « effets reconventionnels », a expliqué le ministre aux sénateurs. « Vous avez des gens qui disent : “Mais moi, je fais le même métier mais dans un autre secteur, affecté à l’hôpital public, et je ne touche pas la revalorisation.” Acte 1 de la mission “Laforcade”, on les a inclus. » De même pour les salariés du secteur privé non lucratif, qui ont bénéficié de l’ « acte 2 de la mission “Laforcade” », selon le ministre. Mais pour les autres ?
« On ne parle plus du tout, fin 2021, de ce dont on parlait à l’été 2020. On n’est plus dans le Ségur de la santé pour revaloriser des infirmiers à l’hôpital, on est allé dans un secteur beaucoup plus large qui peut potentiellement arriver à 4 millions, 5 millions de personnes. Et derrière, vous aurez un effet reconventionnel », a insisté Olivier Véran. « Je comprends ces revendications, je dis juste qu’on ne peut pas taxer le Ségur d’avoir laissé de côté des gens alors qu’il a englobé beaucoup plus de personnes que ce qui était prévu initialement », a-t-il conclu.
Sans le dire, le ministre a donc fermé la porte aux secteurs non sanitaires. Une mauvaise nouvelle pour les travailleurs sociaux.
Thèmes abordés