La liste des erreurs commises, en matière d’aménagement urbain, depuis cinquante ans, est longue comme un jour sans pain : bétonnage, autoroutes urbaines, expulsion des activités productives, centres commerciaux géants en périphérie… La crise climatique, couplée au mode de développement des pays riches, éclaire crûment ces errements. Ce modèle n’est plus tenable. Même les mirages technosolutionnistes de la smart city sont contestés.
Si le constat est imparable, les solutions ne sont pas unanimes. Mais des collectivités s’y attellent, en prônant moins un modèle que des méthodes qui peuvent s’incarner dans une question : avons-nous vraiment besoin de ça ? « Ça » pouvant être « un distributeur de croquettes pour chats à reconnaissance faciale pour éviter de nourrir celui du voisin », provoque (?) Philippe Bihouix, de l’agence Arep. Ou un entrepôt géant en entrée de ville ou, pire, à la place de terres agricoles, accompagné de sa noria de véhicules de livraison.
- « Pourquoi nous n’en avons pas fini avec la smart city »
Nouvelle boussole de l’action publique
Cette orientation vers la sobriété pourrait devenir la nouvelle boussole de l’action publique. Après l’ère consumériste (dans laquelle nous sommes toujours), la construction d’une ville sobre, modeste, respectueuse des ressources et des humains semble parée de grandes vertus.
A condition, toutefois, qu’elle ne soit pas perçue comme « un truc de bobos », qui choisissent de rouler à vélo électrique parce qu’ils ont leur voiture (électrique) au garage et que, de toute manière, ils peuvent télétravailler. A condition, aussi, que les collectivités soient en position de piloter réellement l’évolution des villes, donc de posséder les compétences légales pour contrer la spéculation foncière, par exemple, et les compétences tout court pour mener à bien le développement du territoire. A condition, enfin, que l’on débatte des conséquences sociales, économiques et politiques, des nouvelles manières de produire des services publics, quand ce sont les citoyens eux-mêmes qui l’assurent, à l’instar du covoiturage, et plus des agents publics.
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