Exit, les diatribes ultra-libérales de son père dans les années 80 contre les ronds de cuir. Marine Le Pen veut, si l’on en croit son programme de 2017, « revaloriser le point d’indice » des agents et « défendre le statut de la fonction publique ». D’après une étude du Cevipof du 31 mai, sa cote est en hausse dans ce secteur : 18 % des cadres de la fonction publique, contre 12 % en 2017, seraient prêts à déposer dans l’urne un bulletin à son nom au premier tour de la présidentielle. Marine Le Pen culmine à 32 % des intentions de vote chez les employés, qui forment le gros des bataillons des collectivités. Ce chiffre était de 27 % voici cinq ans.
Opération séduction
Pour mener la campagne des régionales, Marine Le Pen joue la carte des rares anciens hauts fonctionnaires ralliés à sa cause, comme l’ex-conseiller d’Etat et polytechnicien Hervé Fabre-Aubrespy, en Provence- Alpes – Côte d’Azur, ou le patron de la direction de la surveillance du territoire des années 80, Yves Bonnet, en Normandie. Dans une récente lettre aux préfets, la présidente du Rassemblement national dénonce « une politique d’amoindrissement de l’Etat et de découragement de ses personnels ». « Les grands serviteurs de l’Etat n’ont aucune raison de redouter notre arrivée au pouvoir. Au contraire ! » y clame-t-elle.
A géométrie variable
Des éléments de langage que ses têtes de liste reprennent dans les régions. L’heure n’est plus à la mise en place de mesures contraires à la légalité républicaine, comme lorsque le frontiste Bruno Mégret voulait, à la fin des années 90, imposer la préférence nationale à la municipalité de Vitrolles. Cette normalisation coupe l’herbe sous le pied de ces directeurs généraux qui, lors des précédents scrutins, avaient tiré la sonnette d’alarme.
Pour autant, le parti de Marine Le Pen est-il le mieux placé pour prendre les commandes des régions ? Il a toujours eu des mots très durs contre ces collectivités, les considérant comme des féodalités en proie à une gabegie sans nom. Il souhaitait même, à la dernière présidentielle, les transformer en simples syndicats départementaux et transférer les TER à l’Etat.
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