Depuis quinze ans, l’Etat enchaîne et accumule les dispositifs d’accompagnement de la transition écologique dans les territoires : d’abord le plan climat-air-énergie territorial et le programme « Cit’ergie », puis l’appel à projets « territoires à énergie positive pour la croissance verte », le contrat de transition écologique, etc. Cependant, il n’a pas fait l’effort de les mettre en cohérence et de rendre lisible leur articulation. Résultat : sur le terrain, les territoires et les services déconcentrés de l’Etat n’y comprennent plus grand-chose.
Tel qu’il a été défini, le CRTE porte le potentiel de devenir un outil articulateur entre le projet du territoire et les politiques de l’Etat. Cependant, la réalisation de ce potentiel est tout sauf acquise. Pour qu’il ne soit pas une coquille vide, il faut que l’engagement dans un CRTE ait du sens et réponde aux attentes des deux parties. D’une part, l’Etat doit se donner les moyens effectifs d’orienter et de renforcer les trajectoires d’actions territoriales dans le sens de ses priorités sur la transition écologique et la cohésion des territoires. D’autre part, le territoire doit bénéficier d’une plus-value par rapport à la mobilisation ponctuelle des différentes aides financières existantes (dotation de soutien à l’investissement local, dotation d’équipement des territoires ruraux, etc.), auxquelles il accède déjà (y compris celles du plan de relance), jusque-là sans CRTE.
Au plus près des élus
Le réseau des territoires à énergie positive, animé par le Cler (réseau pour la transition énergétique), rassemble depuis dix ans les pionniers de la transition écologique engagés vers l’objectif 100 % énergies renouvelables en faveur du développement territorial.
Par notre expérience, nous avons acquis une conviction : sans intelligence et sans moyens humains dans les territoires, pas de transition. Soyons clairs : si l’ingénierie externe est utile (intervention de consultants, experts, etc.), elle ne suffit jamais. Il faut des hommes et des femmes au plus près des élus pour monter des projets, faire vivre la transversalité et la coopération, déployer des dynamiques collectives de transition.
Nous proposons donc la mise en place d’un guichet ouvert pour financer des postes de chargés de mission dans tout territoire signataire de CRTE structurellement déficitaire, selon des critères à définir par les ministères de la Cohésion des territoires et de la Transition écologique. C’est tout à fait faisable et c’est d’ailleurs le modèle qui a été adopté pour le programme Petites villes de demain, sur un autre sujet : le renforcement des fonctions de centralités des petites villes.
En matière de transition, le dispositif des contrats d’objectifs territoriaux de l’Agence de la transition écologique peut être renforcé, déployé et mobilisé pour soutenir cette ingénierie d’animation. Il est éprouvé : la quasi-totalité des territoires pionniers de notre réseau en ont bénéficié et en sont satisfaits. Il est exigeant et structurant, avec son obligation de résultats sur la progression des politiques locales de transition. Construisons ensemble la capacité des territoires à concevoir une transition systémique et partenariale, amorçant un nouveau modèle de développement.
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