Savez-vous que la marche est le deuxième moyen de déplacement des Français après la voiture et devant les transports en commun ? Que c’est de loin la première des mobilités actives et qu’elle progresse ? (Voir encadré).
Tout avait bien commencé avec la reconnaissance en décembre 2019 des mobilités actives par la loi LOM et la création d’un « Fonds mobilités actives » doté de 350 millions d’euros. Les représentants des piétons espéraient légitimement voir leurs préoccupations et recommandations prises en compte. Ils doivent déchanter. C’est le vélo qui occupe toute l’actualité.
Une situation paradoxale surtout dans cette période dominée par le Covid où les Français n’ont jamais autant plébiscité la marche. Car la marche a nombre de vertus. Elle demande peu de moyens et peut être pratiquée à partir de chez soi. Elle contribue à la santé. Elle permet de rencontrer du monde. Pour beaucoup le confinement a été l’occasion de découvrir à pied son environnement proche, de goûter la liberté de déplacement qu’elle procure, le plaisir de marcher. Sans compter l’animation des centres villes. Le client piéton est celui qui achète le plus. Des atouts indéniables au moment où un des enjeux des politiques climatiques est de déshabituer les Français du tout voiture. C’est le moment de capitaliser sur ces habitudes naissantes pour les transformer en comportements durables.
Pour un plan marche national
Cette situation a conduit la Fédération française de randonnée, Rue de l’Avenir et 60 Millions de piétons, réunis au sein de Place aux Piétons, à prendre l’initiative d’une tribune pour interpeller les candidats aux élections régionales et départementales des 20 et 27 juin. Dans cette tribune « Pour un plan marche national, vivement », les associations formulent cinq propositions.
Tout d’abord, inscrire la marche dans les agendas territoriaux. Au moment où 72% des intercommunalités font des mobilités actives une priorité, il parait indispensable de désigner des responsables « marche » aux différents échelons territoriaux pour coordonner tous les dispositifs existants et pour développer des plans piétons.
Les signataires appellent à faire évoluer la réglementation pour limiter la vitesse des automobiles et traiter plus sévèrement le stationnement des véhicules sur les trottoirs. Tout doit être mis en œuvre pour sanctuariser le trottoir et lui donner une définition juridique inexistante à ce jour. La ville reste trop inadaptée aux marcheurs. Il faut agir pour une ville accueillante aux piétons en résorbant les points noirs, en aménageant des cheminements piétons et en offrant des services adéquats : sanitaires, bancs de repos, fontaines, abris, places.
Ces mesures devront être accompagnées d’actions de promotion et d’efforts de recherche pour développer notre connaissance de la marche. Pour conduire ces actions Place aux piétons préconise la mise place d’un responsable « marche » national et la définition d’un plan marche, doté d’un budget qui en sera l’outil efficace.
Financer les parcours de randonnée au titre des mobilités
A la différence du vélo, les villes ne découvrent pas la marche. Les trottoirs y sont aménagés depuis le 18e siècle. Mais qui s’occupe de leur usage ? Dans les collectivités, ce sont les services des sports et du tourisme qui financent des itinéraires sans autres moyens pour les aménager que des publications ou des signalétiques. A Paris, 250 km de GR dessinent un réseau de cheminements piétons utilisés aussi bien pour le loisir que pour la vie de tous les jours.
Faisons de ces itinéraires un réseau piéton structurant. Complétons-le par un ensemble hiérarchisé de circulations piétonnes. Forts de leur expérience, le secteur associatif et en particulier la FFRandonnée sont prêts à accompagner les collectivités dans ces transformations. Réconcilions mobilités, sport et culture, appuyons-nous sur les compétences disponibles et incluons le financement de toutes les circulations piétonnes dans les fonds mobilité.
La mobilité des Français
La marche représente 23,5 % des déplacements des Français. Une part qui progresse entre 2008 et 2019 (+ 1,2 %). Le mode de transport qui progresse le plus. Second mode de déplacement après la voiture (63 %)
Le vélo : 2,7 % des déplacements des Français (5 millions de trajets par semaine – du lundi au vendredi). Une part qui ne progresse pas entre 2009 et 2018
Les transports en commun : 9,1 % des déplacements des Français
Voiture : 63 % des déplacements des Français
Sources : Ministère de la Transition Ecologique – Enquête mobilité des personnes 2018-2019 ; INSEE, Enquête nationale transports et déplacements 2007-23008 / déplacements locaux (moins de 80 km du domicile)
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Partage de la voirie : la ville roule au ralenti
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- La marche a besoin d’un plan
- Le baromètre qui veut rendre toute sa place aux piétons
- Christian Machi : « Chaque avancée en matière de mobilité apporte une contrariété nouvelle aux piétons »
- Le trottoir ne veut plus se laisser marcher dessus
- Modes doux : une prise de conscience progressive
- « Ville apaisée » : des défis en pagaille pour les collectivités
- Un code de la rue local pour partager l’espace public
- Voirie partagée : les bonnes pratiques pour encourager l’usage du vélo en ville
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