Ce n’est pas Sophie Huneau qui le contredira. La secrétaire fédérale de la fédération Unsa Territoriaux regrette aussi « la modération de cette mesure, qui laisse peu de temps pour mieux positionner la place du second parent ». Yvonic Ramis en a fait tout récemment l’expérience, en cumulant sa prise de poste comme directeur général de Moulins communauté (44 communes, 220 agents, 65 000 hab., Allier) et de la ville de Moulins (200 agents, 19 600 hab.) avec son congé de paternité, un mois plus tard. « Je l’ai pris en intégralité, mais objectivement, à ce niveau de responsabilité, cela a été difficile d’être à distance. J’ai dû garder un lien permanent avec la collectivité. »
Bien que plus engagés à faire valoir leur droit, les papas fonctionnaires territoriaux admettent, comme Amaury Brandalise, que « le fait d’avoir au moins deux enfants ou davantage est clairement un frein dans le déroulement d’une carrière professionnelle, eu égard à l’organisation du travail telle qu’elle est encore conçue ». Pour autant, le vice-président de l’Association des administrateurs territoriaux de France a vécu « comme une évidence le fait de prendre l’intégralité de [ses] congés de paternité. C’était à la fois une logique d’équilibre et d’égalité entre les deux membres du couple, d’accompagnement de ma conjointe, mais aussi d’affirmation de mon rôle de père ». Car, il faut bien l’admettre, le monde professionnel ne considère pas encore qu’un homme qui devient papa est un événement au même titre que pour la mère.
Question de priorité
Ainsi, lorsque Jean-Louis Rocheron, désormais magistrat à la cour des comptes du Grand Est (1 735 agents), a pris trois mois de congé parental, six mois après son congé de paternité, « cela a été pris avec un peu d’étonnement de la part de ma hiérarchie. En revanche, le regard de mes collègues féminines a été bienveillant car mon cas relève encore, et c’est dommage, d’une certaine exception ».
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