Alors que la sécurité s’invite une nouvelle fois dans le débat à un an des élections présidentielles, la grogne monte dans le rang des bleus, tant au sein des forces de l’ordre nationales qu’au sein des polices municipales.
Après l’assassinat de Stéphanie Monfermé, fonctionnaire au commissariat de police de Rambouillet, le 23 avril, et la mort du brigadier Éric Masson, tué lors d’un contrôle sur un point de deal, le 5 mai à Avignon, les policiers appellent à une marche citoyenne mardi 11 mai.
Jeudi 6 mai déjà, dans certaines villes de France, policiers nationaux et municipaux se sont rassemblés pour rendre ensemble hommage à leur collègue d’Avignon et interpeller le gouvernement sur les sujets sécurité.
Considérés comme la 3e force de sécurité du pays, derrière la police nationale et la gendarmerie nationale, les policiers municipaux, de plus en plus souvent primo-intervenants sur le terrain, demandent à être traités sur un pied d’égalité avec les forces de sécurité nationale sur le plan social. Le refus du gouvernement de ne pas accéder à leur demandes concernant l’obtention de la bonification du 1/5ème pour le calcul de leur retraite, qui leur a été notifié dans un courrier fin avril, n’a fait qu’attiser leur colère.
« Nous sommes une police bis. Le président de la République, le gouvernement ne cessent de le répéter : nous sommes la 3e force. La loi de Sécurité globale entend élargir encore nos missions. Très bien, mais dans ce cas, il nous faut des contreparties sociales. Or, là, il n’y a rien. Ce qui pêche, c’est le volet social », constate, amer, Manuel Herrero, membre de la commission consultative des PM auprès du ministère de l’intérieur et représentant Unsa. Et de menacer : « Si le gouvernement ne lâche rien, on descendra dans la rue cette année. »
La PM réclame une reconnaissance sociale
Même ressentiment du côté de la CFDT où Serge Haure n’hésite pas à parler de « mépris de la part de l’Etat ». « Nos gars prennent, comme les policiers nationaux et les gendarmes, des risques au quotidien. L’attentat à la basilique de Nice, le 29 octobre, l’a encore montré : les policiers municipaux peuvent eux aussi être aux avant-postes.
Ils sont aussi de plus en plus souvent appelés en renfort sur des interventions. Tous les jours, des policiers municipaux sont blessés lors d’interventions. Plusieurs d’entre eux ont été tués en service ces dernières années. Allez leur dire, et dire à leur famille, qu’ils ne méritent aucune reconnaissance, qu’ils n’ont pas les mêmes droits sociaux que leurs collègues de la nationale ! »
Tout aussi furieux, Fabien Golfier, du syndicat FA-FPT, n’hésite pas à pourfendre la loi Sécurité globale qui « décharge l’Etat d’une partie de ces responsabilités », en confiant certaines missions comme la lutte contre l’occupation des halls d’immeuble, l’usage de stupéfiants ou les rodéos sauvages aux collectivités territoriales, et donc aux polices municipales. « Nous, on voulait plus de moyens pour faire les missions qui sont les nôtres et plus de reconnaissance sociale. On n’a ni l’un, ni l’autre », conclut-il.
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