Que faire avec 2 milliards d’euros supplémentaires pour les quartiers populaires ? Cette réponse est entre les mains de l’Agence nationale pour le rénovation urbaine (ANRU) qui met en œuvre le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU). Le 29 janvier dernier, Jean Castex a annoncé, lors du Comité interministériel des villes, que ce plan d’aides serait désormais doté de 12 milliards d’euros, soit une augmentation de 2 milliards. Dans le contexte de crise sanitaire, économique et sociale, ces moyens complémentaires doivent permettre d’accélérer la transformation de ces quartiers qui comptent 3 millions d’habitants.
Financer d’avantage d’opérations
« Cette nouvelle enveloppe a pour but de finir de valider certains projets ou d’en amplifier d’autres en cours de réalisation. Aller plus loin et mieux répondre aux enjeux sont les objectifs de cette clause de revoyure» assure Olivier Klein, Président de l’ANRU. L’objectif est de financer d’avantage d’opérations plutôt que de mieux doter des projets en phase de concrétisation.
« L’installation de nouvelles équipes municipales a souvent permis d’amplifier les programmes. Le regroupement des organismes HLM a aussi joué un rôle d’appui pour la réalisation de certaines opérations. Les bailleurs trop fragiles étaient un frein dans certains cas» affirme Nicolas Grivel, directeur général de l’agence.
Au-delà des programmes de démolition, réhabilitation et construction de logements, le NPNRU souhaite répondre à des enjeux prioritaires en matière de transition écologique avec des pans importants consacrés à l’économie circulaire, l’égalité des chances, de santé ou le développement économique. L’ANRU développe de nouvelles missions tels que les internats d’excellence, ou les quartiers fertiles sur l’agriculture urbaine.
La santé, enjeu majeur
« Les commerces doivent être plus soutenus, le développement économique est un sujet important. Nous avons besoin d’outils pour faire du portage de projets, les collectivités ne peuvent pas être seules sur ce sujet. Un tour de table de partenaires doit se mettre en place avec l’ANRU, le groupe Caisse des dépôts et l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT)» souligne Olivier Klein, qui est aussi maire de Clichy-sous-Bois(Seine-Saint-Denis, 28992 hab.)
La question de la santé dans ces quartiers populaires fait partie des enjeux importants et pas seulement en ces temps de pandémie. Le vieillissement de la population, le départ en retraite de personnels de santé, le bruit, la pollution de l’air, les indicateurs sociaux de santé sont autant de sujets à suivre dans le cadre de ces programmes. « Seulement 30% des habitants des quartiers en renouvellement urbain de ma ville ont un médecin traitant» constate l’édile de Clichy.
Plus d’ambitions
Lancé en janvier 2020, l’appel à projets Quartiers fertiles, consacré à l’agriculture urbaine, a rencontré un succès qui n’a pas manqué de surprendre les responsables de l’ANRU. 27 lauréats avaient été primés en décembre 2020, et 48 nouveaux projets ont été primés le 15 avril. Une troisième tranche d’appel à candidature sera close en juillet prochain. Plus d’une centaine de quartiers en renouvellement urbain bénéficieront alors de jardins partagés, de microfermes ou de champignonnières dans des parkings désaffectés.
Pour qu’il y ait une transformation profonde des quartiers, les acteurs du renouvellement urbain considèrent qu’il faut « accrocher plus de thèmes et plus d’ambitions. Seule, la rénovation de logements ne produit pas assez d’effets. Par ailleurs, la dimension intercommunale est aussi intéressante dans certains territoires. Cela permet d’intervenir sur un périmètre plus global, utile en matière de mixité sociale. » remarque Nicolas Grivel.
La clause de revoyure en chiffres
Les 2 milliards d’euros de subvention supplémentaires sont ainsi apportés par Action logement (1,4 Mds €), les bailleurs sociaux (368 M€) et l’État (200 M€).
Au 1er janvier 2021, 90 % des projets étaient validés, dans 400 quartiers NPNRU sur les 450 concernés.
Une première étude a évalué l’impact de ces moyens supplémentaires*, soit 110 000 démolitions de logements sociaux (90 300 programmées initialement), 100 000 constructions de nouveaux logements (67 400 programmées initialement)
150 000 réhabilitations (122 600 programmées initialement).
Plus de 1 000 équipements publics construits ou rénovés (835 programmés initialement)
*Les chiffres pourront être modulés au fil du déploiement des projets
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