Stratégie opérationnelle des métiers du grand âge
L’ancienne ministre du Travail, Myriam El Khomri, présente à l’Université annuelle de la Silver Economie, a bien indiqué que son rapport, co-construit avec les acteurs de l’aide à domicile, visait à « établir une stratégie opérationnelle de développement des métiers du grand âge », confirmant par là qu’elle n’existait pas encore et que les politiques publiques sur le vieillissement et la dépendance (qui à elle seule concerne 1,4 million de Français aujourd’hui) ne sont toujours pas au rendez-vous. C’était aussi une des conclusions du rapport Libault…
Améliorer les conditions de travail des aides à domicile
Une des premières solutions évoquées pour lancer cette politique serait donc de revaloriser les métiers du soin à domicile, soumis à trop de précarité et de turn over. «Quatre fédérations associatives du secteur ont déposé cet automne un amendement au PLFSS qui n’a pas été retenu. Nous réclamions une enveloppe de 600 millions d’euros supplémentaires pour améliorer les conditions des travailleurs de l’aide à domicile et arriver au moins au Smic », explique David Zeisler, responsable de la communication de la fédération Adessadomicile. Le rapport El Khomri évalue ces besoins à 170 millions d’euros.
Meilleure répartition des ressources budgétaires
Une autre hypothèse évoquée serait une meilleure répartition des ressources, notamment celles qui sont liées à la délivrance de l’APA, variable selon les départements. Pour Caroline Faure, infirmière à l’origine de la plateforme Sipad Connect, « la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) devrait assurer un meilleur équilibre des versements dans tous les territoires, alors qu’aujourd’hui les acteurs de l’autonomie n’ont pas localement les mêmes ressources budgétaires et donc les patients pas le même reste à charge… » Mais il faudra se poser aussi la question de la fusion de l’APA dans le futur RUA (revenu universel d’activité).
Meilleure coordination entre les acteurs
Il y a enfin un enjeu de coordination entre les acteurs que l’État devrait également améliorer. « En particulier, le maintien à domicile, avec un rôle précis pour tous les intervenants serait gagnant pour l’Etat comme pour les personnes, comme le montre une récente étude d’AdessaDomicile » a révélé David Zeisler. Sur le terrain, Caroline Faure a confirmé la nécessité de cette coordination : « elle a toujours été souhaitée entre le sanitaire et social, le médical, l’associatif et le lucratif, mais elle n’a jamais été mise en œuvre. Et pourtant tout le monde aurait à y gagner si une structure coordonnait les actes des infirmiers, des soins, du portage de repas, de l’aide à domicile. » Sinon, la situation en France risque de rester durablement comme celle de l’héroïne du film de Ken Loach, Sorry we missed you, avec la menace supplémentaire de l’uberisation.
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