Olivier Noblecourt, délégué interministériel chargé de la stratégie, a ouvert les travaux ce 4 juillet en indiquant que « l’art de l’exécution de la stratégie pauvreté » nécessitait la « mobilisation de ceux qui font le quotidien du social, les travailleurs sociaux ».
« Sans soutien aux pratiques du travail social, rien n’est possible », a-t-il ajouté. Mais il a finalement été davantage question du rôle de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté dans l’évolution des pratiques des travailleurs sociaux. Ainsi la stratégie pauvreté serait-elle « une opportunité pour ouvrir des espaces de travail tant aux travailleurs sociaux, à leurs employeurs qu’aux organismes de formation ».
Six priorités de formation et un label
Pour « rendre opérationnels les objectifs de la stratégie pauvreté », six grandes priorités présideront à toute formation continue : travail social collectif et développement social, participation des personnes, numérique et travail social, insertion socio-professionnelle, travail social et territoires, l’aller vers.
Les trois groupes de travail qui planchent sur les trois premiers thèmes au sein du Haut conseil du travail social (HCTS), placés sous l’autorité respective de Cyprien Avenel, sociologue à la DGCS, de Marcel Jaeger, membre du HCTS et de Didier Dubasque, membre du HCTS, ont clos leurs travaux fin juin.
Trois groupes ad hoc ont été créés et sont animés respectivement par Anne Troadec, DGA solidarité Savoie, Marc Rouzeau, directeur recherche et prospectives Askoria et Philippe Warin, directeur de recherche au CNRS. Ils se réuniront tout l’été pour terminer leurs travaux à l’automne. Concomitamment, un label « stratégie pauvreté » sera délivré à l’offre de formation existante pour être cofinancée à ce titre.
Le CNFPT organisera en 2020 des journées de réflexion sur les thématiques de formation à destination des conseils départementaux.
120 millions d’euros pour 1 300 000 professionnels
Le plan de formation continue des 600 000 professionnels qui interviennent auprès des jeunes enfants est confirmé (60 millions d’euros) et s’accompagnera d’un plan, « inédit » de 60 millions d’euros, a indiqué Olivier Noblecourt, pour former 700 000 personnels supplémentaires, travailleurs sociaux et intervenants des champs éducatif, sanitaire, de l’éducation populaire et de la parentalité, le délégué interministériel ayant souligné qu’il n’y a pas que les professionnels du code de l’action sociale et des familles qui interviennent auprès des publics en difficultés.
Une nouvelle logique à intégrer
Mais, qu’il s’agisse de l’investissement social et d’une politique familiale préventive, de l’accès aux droits en matière d’aide sociale à l’enfance, de l’accueil inconditionnel ou du futur service public de l’insertion, la logique est la même et les professionnels du travail doivent l’intégrer : leurs pratiques doivent évoluer en intégrant les six priorités dégagées dans le cadre de la stratégie pauvreté.
Pas d’accompagnement social sans perspective de retour à l’emploi et de parcours sans rupture ; pas d’accompagnement sans aller vers ; pas d’accompagnement sans adaptation aux besoins des personnes accompagnées.
Quitte à « retravailler certains métiers et fonctions », a glissé Olivier Noblecourt. Le croisement des savoirs, cher à ATD-Monde, la coformation et la coconstruction seront de mise. Tout comme le recours aux ressources présentes sur les territoires.
« Choisir la coopération plutôt que la concurrence »
Alors que la question du sens du travail social et de la mobilisation des territoires pour progresser sur les enjeux d’évolution des pratiques professionnelles était posée aux intervenants de la table ronde matinale, Marie-Paule Cols, représentante de l’Association nationale des directeurs d’action sociale et de santé des départements et métropoles (Andass) et vice-présidente du HCTS, a rappelé « la nécessité de réfléchir sur le travail social, comme un objet propre séparé de l’action sociale elle-même ».
L’action sociale est « la somme des politiques publiques » dans le secteur social alors que le travail social désigne « les pratiques mises en œuvre au-delà des politiques pour trouver des solutions ». Il faut, dès lors, « lui donner du sens et le valoriser en tant que tel », a-t-elle indiqué.
Pour la représentante de l’ANDASS, l’enjeu de l’ancrage territorial est en lien avec celui de la transversalité des actions, de la proximité des réponses et des partenariats à construire. Elle a souligné le danger des pratiques gestionnaires et la responsabilité des institutions à « créer les conditions d’évolution des pratiques d’accompagnement », en faisant participer les travailleurs sociaux comme les personnes accompagnées. Il faut « choisir la coopération plutôt que la concurrence et la confiance plutôt que la défiance », a-t-elle conclu.
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