À la suite d’une alerte de la Carsat sur le niveau important des arrêts de travail et des maladies professionnelles chez ses salariés, l’association ASAP-MSD d’Arras a intégré la prévention dans sa démarche qualité, explique Virginie Grandin, directrice de l’association. Elle s’est engagée dans la démarche Mobiprev proposée par la Carsat.
Après une autoévaluation et des rencontres avec un agent de prévention de la Caisse, souligne la directrice, « nous avons défini un indicateur de suivi de l’absentéisme pour formaliser l’analyse de chaque arrêt de travail et de chaque maladie professionnelle et mettre en place des plans d’actions collectifs ou individuels ».
Gestes et postures
L’association a élaboré son document unique et tous les salariés ont suivi une formation sur les gestes et postures et pu participer à un forum santé. Depuis 2015, la prévention est aussi au menu des réunions de service qui se tiennent cinq fois par an pour tous les salariés, en petits groupes pour favoriser la prise de parole.
« Nous abordons un thème sur lequel nous distribuons une fiche synthétique, illustrée, facile à lire. Nous évoquons aussi une bonne pratique et nous ouvrons le débat », ajoute Virginie Grandin, afin que les AAD puissent évacuer des émotions ou s’exprimer sur une situation complexe.
Des moments très appréciés. Un responsable de secteur a aussi suivi une formation sur la prévention des risques professionnels, qu’il a diffusée auprès de ses collègues. « Ils étaient happés par la gestion des remplacements [dus aux arrêts de travail, NDLR] et non plus concentrés sur leur cœur de métier », l’organisation des plannings, les échanges avec les intervenants et les visites à domicile des personnes, une fois par an.
Pour établir un diagnostic de l’absentéisme, l’association a organisé une opération « Vis mon travail ». Pendant six mois une fois par mois, les quatre responsables de secteur ont partagé la journée d’une intervenante et vice-versa.
« J’ai passé six jours avec six AAD différentes. Je me suis rendu compte des longues journées, aux amplitudes horaires importantes, avec des intervacations, des interventions fatigantes… », explique Gwendoline Marchal, une des responsables de secteur. Les AAD qui l’ont accompagnée sur son poste en ont aussi réalisé la complexité.
Vis mon travail
Les responsables de secteur ont remis à plat les plannings des intervenants en limitant l’étendue de leur secteur géographique. « Nous avons aussi installé des boîtes à clés à l’extérieur de quasiment tous les domiciles », ajoute Virginie Grandin.
Les kilomètres parcourus ont diminué de 13,7 % entre 2015 et 2017 (les indemnités kilométriques aussi) et le taux de présence à domicile a augmenté. Les amplitudes horaires ont également été réduites pour favoriser la vie de famille des AAD. Au final, l’absentéisme total a baissé de 8,9 % entre 2014 et 2017, souligne la directrice. Et, en prime, la satisfaction des personnes accompagnées s’est améliorée.
Odette Duriez, 2e vice-présidente du conseil départemental du Pas-de-Calais, chargée de l’autonomie et des personnes âgées
« Nous voulons aider les responsables de Saad à être plus performants »
« Nous avons mené en 2016-2017 une étude sur le fonctionnement des services d’aide à domicile du département pour comprendre les éléments qui influent leur modèle économique. Elle a montré l’importance du taux de présence des intervenants au domicile, impacté notamment par les conditions de travail. Nous avons donc travaillé sur un plan d’action qui doit être mis en œuvre au printemps 2019. Nous voulons travailler sur la formation des responsables de Saad pour les aider à être plus performants et à limiter l’absentéisme. Les formations pourront concerner les postures mais aussi l’organisation des tournées pour limiter les déplacements et les frais de déplacement des associations et mieux organiser les moments entre les vacations. Des associations se sont déjà engagées dans cette voie et on constate que cela fonctionne : les conditions de travail s’améliorent et des structures font même des économies. »
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