Le Thésaurus recense trente-huit nuances de sens et renvoie à quatre notions voisines : la sécurité/garantie, la préservation/sauvegarde, l’aide/secours et la défense/abri. C’est dire la polysémie du terme, construit à partir de pro (devant, en avant) et tego, tectum (couvrir, cacher, garantir).
Le Larousse en ligne retient l’« action de protéger, de défendre quelqu’un contre un danger, un mal, un risque », et celle de « préserver quelque chose ». Foucault voyait une dérive dans la promesse de sécurité et de protection : un outil pour « connaître, surveiller et modeler les individus » caractérisant « la figure du pouvoir moderne ».
Le mot s’accompagne d’un adnominal pour indiquer celui ou ce qui est protégé, par exemple l’environnement, les droits, la population, les femmes enceintes, les mères et les jeunes enfants, les réfugiés et apatrides, ou bien celui ou ce qui protège. La protection devient divine, militaire, nucléaire ou sociale.
Système de prévoyance collective, la protection sociale emprunte à tous les champs de la sémantique. Elle sécurise le parcours de vie des individus, garantit leur droit à la prise en charge en cas de maladie, accident du travail, chômage et retraite. Elle préserve l’idée, héritée de la construction de l’État-providence, de la mutualisation de la couverture de risques individuels. Elle assure contre les conséquences financières des incidents et accidents de la vie et met chacun à l’abri.
Administrateur de fonds social de caisses de retraite françaises, Jean Masse aspirait à la protéger d’une certaine dérive sécuritaire : « il faudrait que la protection sociale généralise le principe de solidarité et améliore les méthodes de prévention au lieu de commercialiser l’aspiration légitime de chacun à la sécurité. »
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