Rendue visible par l’activité des mouvements sociaux des années 2000, la radicalité a envahi l’espace médiatique. Depuis, la « radicalisation » de quelques jeunes a amplifié cette visibilité. De quoi la radicalité est-elle le signe ? Le Centre national de ressources textuelles et lexicales la définit comme « le fait ou la caractéristique de ne pas admettre d’exception ou d’atténuation ». Elle témoigne « en matière politique et sociale des opinions tranchées visant à une transformation profonde de la société » (Larousse).
Le latin classique radix, radicis (racine) en fournit la quintessence originelle. Radical, qui appartient à la nature profonde d’un être ou d’une chose ; radical, qui présente un caractère absolu, total ou définitif ; radical, qui caractérise un genre d’action ou de moyen très énergique, très efficace, utilisé pour combattre quelque chose.
La radicalité d’aujourd’hui désigne plus souvent les habits du terrorisme ou de l’extrémisme portés par des militants, altermondialistes, des extrêmes gauche ou droite, et des croyants fous de Dieu. Carlos Lobo pense pourtant que « la radicalité est tout à la fois le lieu, l’objet et l’enjeu d’une lutte ». Si lutte il y a, la radicalité ne se décrète pas. Elle est le résultat d’un « long processus, sur un terreau d’inégalités, de violence sociale », explique Jean Ortiz. Elle peut être saisie par certains habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville comme « un outil pour changer de statut, sortir d’une ornière, provoquer du changement », analyse Sami Zegnani.
Accuser la radicalité des nouveaux maux de la société, c’est nier les clichés, l’injustice sociale, l’oppression et la relégation, l’inégalité et les différences de classe. Parce qu’elle construit un rapport de force signifiant, c’est un signal à écouter. La radicalité, prise de conscience, utile à réinventer du social, est nécessaire. À condition de s’accompagner de la conviction d’une alternative globale aux dominations actuelles.
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