L’objectif annoncé par le président de la République est très clair : « tout jeune qui se présentera à partir du 1er juin de cette année pourra faire un service civique de huit mois ». Alors que les jeunes concernés seraient entre 150 et 170.000, le premier défi à relever est celui du financement. L’ouverture du service civique à 150.000 jeunes coûterait 608 millions d’euros par an, et jusqu’à 680 millions d’euros pour 170.000 jeunes. Or, le budget accordé en 2015 à l’Agence du service civique, gestionnaire du programme, est de 173 millions. Avant toute chose, l’État doit prendre de nouveaux engagements financiers, fermes et durables, pour rassurer les acteurs. Car la (courte) histoire du service civique est déjà marquée par le stop & go…
Le deuxième défi est de taille : faire émerger 150 à 170.000 missions d’intérêt général « utiles aux jeunes et utiles à la société », selon le slogan popularisé par Unis-Cité, association pionnière du service civique en France. Certes les besoins existent, mais accueillir des jeunes et accompagner leur engagement ne s’improvisent pas. Personne ne comprendrait que le développement du service civique se fasse au prix de sa qualité.
Les associations accueillent jusqu’à présent près de 90 % des jeunes. Cette situation n’a évidemment pas vocation à durer : le service civique doit pouvoir se faire dans des établissements publics d’enseignement, de santé, dans des forêts et des parcs nationaux, etc. Mais nous devons assumer pleinement notre responsabilité : coopérer entre associations pour que, au-delà des 4.000 déjà impliquées (agréées pour l’accueil des jeunes), toutes celles qui le souhaitent puissent profiter de l’expérience accumulée. Coopérer avec les établissements publics pour que, au-delà de la non-substitution à l’emploi, ces derniers développent une culture du service civique, ce juste équilibre entre un accompagnement qui rassure et une confiance qui donne des ailes…
C’est dans cet esprit que les principales associations qui accueillent des volontaires ont créé, avec des experts de l’évaluation, une association indépendante, le Comité du service civique associatif, qui fonde son action autour d’une charte déontologique. Une évaluation statue, tous les deux ans, sur le respect de la charte par la délivrance ou le maintien d’un label qualité. De telles démarches devraient, à mon sens, progressivement concerner tous les organismes d’accueil. Sans attendre, le Mouvement associatif prendra directement sa part dans la sensibilisation des acteurs, pour que le service civique tienne ses promesses.
Références