« Refonder le travail social » : tel est l’objectif de ces états généraux du travail social. Depuis Nicole Questiaux, (ministre de la Solidarité nationale en 1981-1982, NDR), il n’y avait pas eu de chantier avec une telle ambition pour ce secteur professionnel.
Pour l’ONES, il a été important, dès le départ, de participer à cette démarche, d’autant que l’orientation donnée par le Président et sa ministre, axée sur la promotion et la valorisation des acteurs, s’est distinguée de la démarche de ses prédécesseurs, fondée sur la méfiance. Cela a, pour nous, changé très largement la donne.
Cette vision a encouragé l’ONES à s’engager autant que possible dans le processus de préparation de cet événement : comité de pilotage national, et assises interrégionales. Pour autant, la tournure que prennent les choses suscite plusieurs inquiétudes.
Le premier écueil porte sur la définition même du travail social. Selon nos estimations [1], ce secteur représente 1,7 millions de salariés et plus de 50 milliards d’euros à la charge des différentes collectivités territoriales et de l’État. Il se compose de deux segments importants : une première part relative aux personnes âgées, et une seconde à la petite enfance. Les secteurs « traditionnels » du travail social (dans le champ de la lutte contre les exclusions, NDR), ne représentent qu’un petit quart de l’ensemble !
En ce qui concerne les professionnels, à côté des 14 diplômes « officiels », il existe un véritable maquis de 146 certifications diverses, toutes en lien avec le travail social. Du coup, il y a une vraie difficulté à mobiliser des professionnels représentants de ces secteurs et qui pour beaucoup ne se considèrent pas eux-mêmes comme travailleurs sociaux. L’absence de cette face cachée dans les débats interroge directement la représentativité professionnelle.
La seconde difficulté que nous remarquons concerne le manque criant de volonté politique. La Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) et l’Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa) font des efforts louables pour tenir les échéances, mais le désintérêt des politiques pèse fortement sur le processus. Rien n’est par exemple organisé avec les employeurs pour permettre aux professionnels de terrain de se détacher de leur poste sans prendre sur leur temps personnel. Du coup, directions et étudiants sont présents, mais peu de professionnels de terrain participent. Ce serait un comble que ces états généraux du travail social se fassent au final sans eux ! L’absence de pilotage politique amène la DGCS à rester extrêmement discrète sur la question puisque la communication n’est pas dans ses prérogatives.
Lors du comité de pilotage du 18 mars 2014, l’ONES a eu l’assurance que ces remarques seraient bien prises en compte, gageons que le tir pourra être rectifié.
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[1] Nos estimations se fondent sur le périmètre défini par l’article 312 -1 de CASF et sur des données délivrées par l’Etat (DREES et ministère des affaires sociales)