« La progression des besoins sociaux renvoie à des problématiques fortes que sont la massification de la demande sociale, la complexité des situations individuelles et familiales, la persistance d’inégalités territoriales. Ces besoins grandissants interrogent notre capacité collective à y répondre et questionnent naturellement le rôle, l’efficacité et les limites du travail social ; un champ particulièrement vaste, dont les nombreux acteurs aux profils très divers, évoluent dans des environnements administratifs souvent complexes.
Les Etats généraux du travail social ont le mérite de soulever un certain nombre de questions clés. Des questions de temporalité par exemple, entre l’immédiateté de la réponse attendue par la personne en difficulté et la nécessité d’une approche globale, transversale, pluridisciplinaire et préventive. Les travailleurs sociaux sont également nombreux à pointer du doigt la prééminence d’une culture du résultat, peu compatible avec le travail qualitatif qui se construit dans la durée avec la personne aidée.
Dans ce cadre, encourager les décloisonnements pour gagner en efficacité oblige à s’interroger notamment sur les articulations entre les politiques sociales et les politiques publiques en matière de santé, d’emploi, d’éducation. La question se pose d’ailleurs jusqu’au sein du conseil municipal, où la force de conviction de l’élu aux affaires sociales n’est pas de trop pour lutter contre les stéréotypes, les images et les représentations communément associées au secteur social !
Pour redonner à ces métiers sous tension toute la reconnaissance dont ils ont besoin et faire évoluer les pratiques professionnelles, nous devons aussi prendre à bras le corps des sujets comme la pénibilité de certaines tâches et le risque d’usure professionnelle qui en découle ; la formation initiale parfois en décalage avec la réalité des besoins ; la formation continue réduite à peau de chagrin ; voire la précarité de certains travailleurs sociaux potentiellement des deux côtés du guichet ! Sans compter les limites propres à la fonction publique territoriale : rigidité des statuts, barrière du concours d’accès, étanchéité des métiers…
Ces assises tombent donc à point nommé, sous réserve évidemment que nous prenions le temps nécessaire à ce travail de refondation afin que les réponses apportées soient véritablement à la hauteur des fortes attentes suscitées… Dans ce débat, l’UNCCAS veillera notamment à ce soit valorisée la notion de développement social durable afin de redonner toute leur place aux politiques sociales et aux acteurs qui la font vivre au quotidien. Ce faisant, nous parviendrons peut-être à faire admettre au plus grand nombre que le travail social est aussi source de richesses, tant sur le plan humain qu’économique. »