« Le chantier de la refondation du travail social qui s’ouvre actuellement à la demande du gouvernement est essentiel pour définir collectivement (collectivités, Etat, professionnels, citoyens,…) l’action sociale du XXIe siècle. Cette réflexion se doit donc d’être globale et très largement prospective. Elle doit interroger la politique d’abord et les élus très sûrement.
C’est la raison pour laquelle, elle ne peut pas être réservée uniquement aux professions « historiques » (assistants sociaux, éducateurs,…). Elle doit aussi s’adresser, d’une part aux professions du travail social assumant les premiers accueils dans les différents services de proximité (secrétaires médico-sociales des permanences de la polyvalence de secteur, guichetiers de Pôle Emploi ou des CAF…), et d’autre part aux cadres administratifs intermédiaires et supérieurs des services et établissements sociaux. Elle questionnera l’ensemble des acteurs, des élus aux citoyens en passant par toute la chaîne humaine qui oeuvre à l’élaboration de la cohésion sociale.
Plus que du travail social, cette refondation doit donc être celle des « travail(s) social(s) ». Elle ne se fera ainsi qu’en questionnant la pertinence des différentes spécificités du secteur.
A l’évidence, nous passons, comme dans le secteur de la santé, d’un travail social du « cure » – à savoir, apporter des solutions définitives à des problèmes ponctuels et bien identifiés – à un travail social du care – autrement dit la prise en charge dans le cadre d’un accompagnement sur le long terme au gré de parcours individuels souvent délicats. Nous devons aujourd’hui réinventer ce « faire ensemble » qui donne à chacun-e les moyens de trouver sa voie, sa place dans notre société.
En effet, selon les études de l’observatoire national de la décentralisation (ODAS), les travailleurs sociaux dans les conseils généraux ne consacreraient que 6% dans le temps de travail à des actions collectives. Ainsi, le travail social doit faire preuve d’une capacité constante à s’adapter à la demande individuelle, comme collective, des « usagers-citoyens ». Il lui appartient de trouver des solutions innovantes en utilisant les règlements, les institutions, les dispositifs, mais surtout la parole et les réseaux qu’il peut mobiliser. L’apport du numérique fera partie intégrante de la réflexion collective.
Dans le champ des solidarités, le travail social se situe dans une demande paradoxale, entre celle du public et celle des institutions. Il sert d’intermédiaire, de médiateur entre les deux. Il est, à la fois, agent des pouvoirs publics et acteur de changement. Le travail social se situe bien entre accompagnement et émancipation. C’est cette réalité qui aujourd’hui doit être prise en considération.
Les élus départementaux espèrent beaucoup de ces travaux car ils ont l’intuition qu’une partie des réponses aux maux de notre société se trouvent là. »