L’Agence nationale des solidarités nouvelles (Ansa) présentait son rapport « L’expérimentation sociale à l’épreuve du terrain. Un bilan d’une décennie d’expérimentations sociales en France », le 20 mars.
Association créée en janvier 2006 par Martin Hirsch, l’Ansa a elle-même pour mission de mettre en œuvre des actions locales et expérimentales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion avec les pouvoirs publics, les associations et les entreprises (par exemple dans le cadre de l’introduction du revenu de solidarité active (RSA)).
Réalités de terrain
Dix ans après la loi organique du 1er août 2003 qui fixe les conditions dans lesquelles les collectivités territoriales volontaires peuvent être autorisées à déroger aux dispositions législatives ou réglementaires pour mettre en place des dispositifs expérimentaux, l’Ansa a souhaité dresser un bilan d’étape autour de la question « Comment faire pour que l’expérimentation sociale tienne ses promesses ? ».
En effet, l’introduction de cette méthode basée sur une évaluation scientifique qui permettrait de n’investir que sur des innovations dont les effets auraient été démontrés avait suscité de grands espoirs.
En présentant ce rapport, Jean-Marc Altwegg, directeur général de l’Ansa, a reconnu que si la décennie passée avait été riche d’initiatives, il y a avait eu des « difficultés de mise en œuvre, d’évaluation et de décision ». Les acteurs de terrain ont été confrontés à des questions de méthode, par exemple, les projets ne sont pas tous évaluables, en termes de coût, ou encore de pérennisation, le temps du politique n’étant pas toujours celui de l’expérience, avec des projets abandonnés en cours de route.
L’expérimentation sociale a aussi essuyé des critiques portant sur sa nature même : est-il éthiquement acceptable qu’un échantillon de population bénéficie d’un programme et non pas l’ensemble de la population ?
Propositions
Le rapport de l’Ansa se veut « force de propositions » tout en invitant les acteurs les plus divers possibles à les discuter. En voici les principales :
– Adopter une définition ouverte de l’expérimentation en France, considérant qu’il existe diverses formes d’expérimentations.
– Favoriser l’inclusion d’une étude de faisabilité pour anticiper des freins au bon déroulement de l’expérimentation.
– Revoir l’articulation entre les calendriers du dispositif et de l’expérimentation. Deux approches semblent à prioriser : soit financer le dispositif pendant des périodes plus longues (en attendant les résultats finaux de l’évaluation), soit inciter les évaluateurs à publier des résultats à mi-parcours (afin de donner un aperçu de l’efficacité du dispositif).
– Diversifier les méthodes d’évaluations afin de choisir la méthode la plus appropriée au dispositif.
– Créer des espaces d’échanges entre parties prenantes de dispositifs sur différents territoires partageant un même enjeu.
– Promouvoir l’essaimage progressif des dispositifs prometteurs ou efficaces.
– Mettre en place un accompagnement d’envergure pour appuyer toute généralisation et inscrire ce processus de généralisation sur une période longue.
Enfin, les représentants de l’Ansa comme les participants à la présentation du rapport ont souhaité que la communication sur l’expérimentation sociale ne se limite pas au cercle des décideurs politiques, mais qu’elle soit désormais accessible et ouverte aux professionnels de terrain.
Références
Cet article a été publié à l’origine sur le site de la Gazette des communes
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