Il suffit d’avoir assisté à une compétition de haut niveau pour être convaincu que le badminton est un sport exigeant et spectaculaire pratiqué par des athlètes complets. Florent Chayet, président de la Fédération française de badminton (FFBad), assume cette dualité « La force de notre discipline c’est d’être un sport ludique, très accessible mais en même temps très exigeant quand on va vers le haut niveau ».
Le badminton est le sport roi en Asie
C’est certainement cette double qualité qui fait du badminton le deuxième sport le plus pratiqué dans le monde derrière le football avec selon les estimations 250 à 300 millions de pratiquants. Le badminton est le sport roi en Asie où se pratiquait un sport de raquette que les officiers de l’Armée des Indes ont rapporté en Angleterre à la fin du XIXe siècle avant de le codifier sous le nom de badminton et au passage d’en revendiquer la paternité. « Dans les pays asiatiques, les joueurs de badminton ont un statut (et des revenus) équivalents aux joueurs de football », poursuit le président. « Ces pays disposent d’un réservoir de pratiquants immense. Avoir des champions suscite bien des vocations. La Chine a longtemps dominé la discipline mais d’autres nations asiatiques lui disputent le leadership comme l’Indonésie, le Japon, la Malaisie, la Thaïlande… et l’Inde, le pays qui monte dans le monde du badminton », ajoute-t-il. Conséquences : « ces pays trustent les podiums dans les compétitions internationales».
De réels progrès
Si l’on excepte les individualités, l’Europe est globalement un cran en dessous et peu de pays peuvent rivaliser avec l’Asie. La France est au tout premier plan européen. « Nous avons fait de réels progrès en devenant par deux fois champions d’Europe par équipe junior. Il nous faut maintenant transformer l’essai », ajoute Florent Chayet. Si pour
Tokyo le président nourrit des espoirs de qualification, il est mesuré en ce qui concerne les médailles sauf aux Jeux paralympiques, discipline qu’elle supporte depuis l’origine et pour laquelle elle a obtenu la délégation. La fédération n’a été créée qu’en 1979 et la discipline n’est olympique que depuis 1992. Cela en fait un sport jeune. C’est peut-être pour cette raison que l’activité s’est développée très rapidement, nous habituant à des statistiques d’augmentation de licences à deux chiffres pour atteindre 190 500 licenciés (1985 clubs) en juin 2019. « Nous continuons à progresser », observe Pascal Perrot, directeur technique national (DTN) adjoint de la Fédération, « même si nous observons un ralentissement de la progression ».
Badminton authentique
« Le badminton est un sport très inclusif. Sport d’opposition mais sans contact, ce qui compte c’est le niveau de jeu relatif entre les joueurs. On peut organiser des matches homme-femme, jeune-vétéran, handicapé-valide tout à fait intéressants. Le matériel est peu coûteux et on peut commencer à jouer immédiatement sans avoir besoin de passer par un long apprentissage technique. Ce sont assurément les raisons de son succès », explique le président. Ce qui explique aussi le développement des jeux de volant en extérieur. Des pratiques que le monde fédéral ne rejette pas. Au contraire, la Fédération mondiale de badminton, au terme de cinq ans d’études et de tests, vient d’officialiser une nouvelle discipline le « AirBabminton », Air pour outdoor, avec « l’objectif de créer une marque pour promouvoir une pratique du badminton authentique, non dévoyé, en réponse au développement des jeux de volant qui n’ont rien du badminton », indique le site de la Badminton World Federation.
Le badminton manque d’équipements pour se développer
Il faut dire que comme beaucoup d’activités se pratiquant en intérieur, le DTN souligne comme frein au développement le manque d’équipements. « Ce qui nous empêche d’être 500 000 c’est principalement l’équipement sportif. Depuis sept ans, la fédération classe les équipements. Le bilan est catastrophique. Plus de 60 % des équipements présentent des risques en matière de sécurité ». Principale cause, les câbles tendus, les tracés anarchiques ou pédagogiques qui ne tiennent pas compte des obstacles ou des distances de sécurité entre terrains. Sans compter que dernier arrivé dans les gymnases, le badminton s’est vu attribuer les équipements les moins adaptés. « 40 % des gymnases occupés par le badminton offrent moins de 7 m en hauteur. Les sols en carrelage, en béton, en bitume ne sont pas rares. Et il s’en construit toujours… », constate Pascal Perrot.
Aides financières
Si le badminton se pratique en intérieur, c’est aussi parce que le volant est très sensible au vent. Pour jouer en extérieur, il fallait un volant conçu pour être moins sensible au vent, bien voler, répondre aux effets, être durable et bon marché. C’est chose faite et les fabricants ont été sollicités. Les premiers volants devraient apparaître sur le marché en fin d’année.
Le AirBadminton se pratiquera sur tous les sols. L’herbe, le sable et les sols durs. Les dimensions du terrain ont été adaptées ainsi que les règles (lire encadré). Progressivement, des formules de compétitions seront proposées. Pour développer cette nouvelle pratique, la fédération a réalisé des cahiers des charges (Disponibles auprès de la fédération, commission équipement : pascal.perrot@ffbab.org) et soutien les initiatives de ses clubs et comités ainsi que celles des collectivités à travers un système d’aides financières en partenariat avec l’ex-CNDS. Celles-ci concerneront prioritairement les terrains structurants de beachminton et dalles plastifiées. Les aides (contractualisées dans une convention de réciprocité) pourront aller jusqu’à 3 000 ou 9 000 euros maximum pour le beachminton et 5 000 euros maximum pour les terrains en dalles plastifiées. Suffisant pour prendre son envol ?
Comment jouer au AirBadminton ?
Le AirBadminton peut se jouer jusqu’à six joueurs (en simple, double et triple). Si l’essentiel des règles est similaire à celles du badminton classique, quelques petites différences existent. Le terrain (16 m x 6 m plus dégagements de sécurité) est composé de trois zones :
– la « rivière » située entre le filet et la ligne des 2 m de chaque côté du filet. Tout volant atterrissant dans cette zone est considéré comme faute ;
– la zone de service est située entre le marqueur positionné à 5 m du filet et la ligne de fond de court ;
– les couloirs latéraux pour les matches en double et en triple.
Sur herbe et sable, le tracé du terrain est matérialisé par un système de sangles. Sur les sols durs : parkings, béton, des systèmes de plaques 30X30 bicolores (1 500) permettent d’installer un terrain et ses tracés incorporés aux plaques. Il est conseillé d’entourer le terrain par une haie brise-vent et de l’implanter à l’abri des vents dominants.
Suivant la nature du sol, le filet est haut de 1,45 m ou 1,50 m. Les raquettes sont celles du badminton et le volant est un volant spécifique mis au point par la Fédération internationale de badminton (sur le marché fin 2019).
Un match se joue en trois sets gagnants de 9 points. À 8 points, égalité, le côté obtenant un avantage de 2 points gagne le set.
En cas d’égalité à 11 points, le côté gagnant est celui atteignant le score de 12 points. Les joueurs changent de côté à la fin de chaque set.
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