Les derniers développements de la pandémie mettent à nouveau à l’épreuve l’organisation décentralisée de la République. Passons sur l’immixtion de deux ministres, Julien Denormandie et Gérald Darmanin, respectivement à l’Agriculture et à l’Intérieur, dans le choix des menus sans viande voulus par la mairie de Lyon (« insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers », il fallait oser). Car, en fait, de quoi se mêlent-ils ? Leur collègue à l’Environnement, Barbara Pompili, a de toute façon réglé l’affaire, qualifiant leurs arguments de « préhistoriques ».
Incohérence
Arrêtons-nous un instant sur l’épisode des musées. Saisi par le préfet de l’Indre, le juge administratif a suspendu l’ouverture d’un musée à Issoudun. Les protocoles sanitaires avaient pourtant été singulièrement renforcés dans la ville dirigée par André Laignel, le premier vice-président de l’AMF, avec notamment une jauge portée à 30 mètres carrés par personne ! Las, les maires n’ont pas la compétence pour organiser l’accueil du public dans ces lieux, a (re)dit le juge, après l’affaire de Perpignan, renforçant l’impression d’incohérence des mesures décidées par l’Etat. Car, dans le même temps, les galeries d’art, elles, restent ouvertes. Comprenne qui pourra.
Presque une évidence
Venons-en au cas niçois. Après une forte dégradation de certains indicateurs de l’épidémie sur le territoire de la métropole du Sud-Est, préfet et élus locaux se sont accordés pour concevoir un confinement adapté au territoire. Dit ainsi, cela a l’air tout simple, presque une évidence. Pourtant, c’est le premier exemple de « différenciation », concertée, dans la gestion du confinement en métropole !
Cela ne devrait pas être le dernier, plusieurs élus locaux appelant à un traitement adapté de leur propre territoire, fondé sur les indicateurs locaux de l’épidémie. A Dunkerque ou à Metz, où les taux d’incidence sont très au-dessus de la moyenne nationale, il s’agirait de renforcer, localement, le confinement. En Bretagne, à l’inverse, certains élus demandent un assouplissement en raison de meilleurs indicateurs. On voit mal comment l’Etat pourrait refuser de reproduire l’exemple niçois. Il ferait montre, en cela, d’une cohérence que nombre de collectivités locales attendent.
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