Lors du deuxième confinement, les commerces de proximité ne pouvaient accueillir du public autrement qu’à leurs portes. Au sortir des villes, les centres commerciaux, eux, restaient ouverts et à portée de clic, et les grandes plateformes de distribution, comme Amazon, demeuraient accessibles aux consommateurs. Nombre d’élus sont alors montés au créneau, publiant des tribunes ou proposant des sites répertoriant les commerces à proximité.
A Montpellier (290 100 hab.), la ville a ainsi créé Je soutiens mes commerçants : « Nous essayons de multiplier les canaux pour optimiser les chances des commerçants de continuer leur activité », explique Hind Emad, conseillère municipale (PS), chargée, notamment, du numérique. D’autres collectivités ont imaginé des alternatives en matière de livraison.
Combat économique et médiatique
L’accompagnement numérique des commerçants est devenu un combat économique et médiatique. Bpifrance a choisi de nouer, début décembre 2020, un partenariat avec l’Accélérateur du numérique d’Amazon. Depuis 2017, c’est avec Facebook que la région des Hauts-de-France a décidé de s’associer pour soutenir les TPE et les PME.
Durant le deuxième confinement, Google, de son côté, s’est mobilisé avec la Fédération française des associations de commerçants (FFAC) pour accompagner des commerces de proximité. Des ateliers Google existent d’ailleurs à Nancy, Rennes, Saint-Etienne et Montpellier.
« Ils sont coconstruits avec l’écosystème local, et pas seulement les collectivités, explique Mathilde Méchin, responsable de la communication de Google France. Les ateliers proposent des formations aux étudiants comme aux plus âgés et, pour les commerces de proximité, on a lié un partenariat avec la FFAC à l’automne, face à l’urgence économique. »
Question politique
Ces exemples d’actualité montrent combien il est parfois compliqué de trouver la bonne distance avec les géants d’internet. Bertrand Monthubert, conseiller régional (PS) d’Occitanie, analyse : « Le numérique a trop souvent été traité comme un sujet simplement technique ou relevant du développement économique, alors que c’est une question extrêmement politique. Il ne suffit pas de dire non à Amazon, il faut dire comment on construit des alternatives positives, favorables, qui rendent des services que les citoyens attendent. »
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Airbnb, Amazon, Google, Uber… Les villes face aux géants du numérique
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