Avec 3,3 milliards d’euros d’annonces, le comité interministériel des villes (CIV), qui s’est tenu le 29 février à Grigny, a créé la surprise. Education, emploi, rénovation urbaine, sécurité, les moyens débloqués par le gouvernement au profit des quartiers « politique de la ville » impressionnent par leur ampleur. Au point de provoquer une vague de satisfaction peu habituelle parmi les élus de banlieue. Même les maires communistes, guère enclins à applaudir l’action gouvernementale en direction des plus défavorisés, ont « salué des engagements qui aideront à atténuer la misère sociale ».
Séquence piteuse
Pour l’exécutif, l’opération est d’autant plus bénéfique qu’elle permet de clore une séquence « banlieue » plutôt piteuse, marquée, dès 2017, par le coup de rabot dans les contrats aidés, puis l’enterrement polémique du rapport « Borloo ».
Mieux, alors que tous les regards sont rivés sur les débats très régaliens sur les séparatismes et la sécurité globale, la ministre déléguée chargée de la Ville, Nadia Hai, voit dans ce CIV la première brique du plan pour l’égalité des chances voulu par le chef de l’Etat. « Les mesures prises en faveur des quartiers s’attachent à tenir les promesses républicaines, réclamées par tous », assure-t-elle, dans un entretien diffusé sur notre site internet et relayé cette semaine dans « La Gazette ».
Appréhensions
Reste à savoir comment ces mesures vont se traduire pour les 5,4 millions d’habitants de ces quartiers, et à quel rythme. Vigilants, les élus savent combien le dernier kilomètre est le plus difficile. Des zones d’ombre planent déjà sur l’atterrissage du milliard d’euros issu du plan de relance. La méfiance est également de mise quant au planning de financement des chantiers de rénovation urbaine. Les appréhensions, nourries des déceptions du passé, sont nombreuses. Le moment est donc enfin venu de renouer avec les quartiers populaires une confiance depuis trop longtemps entaillée et de redonner du sens à la devise républicaine d’égalité pour tous.
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