L’effort financier consenti par les collectivités au service de la transition écologique est réel mais encore insuffisant dans certains secteurs clés pour tenir les objectifs de la stratégie nationale bas carbone. La redéfinition en profondeur des politiques publiques locales et des modes de faire est nécessaire. Elle passe par une évolution des représentations collectives, du fonctionnement des administrations et par des coopérations renouvelées entre territoires.
Un récit politique et managérial au service de la transition écologique : chiche !
La transition écologique peut s’appuyer sur un socle scientifique solide mais ne peut s’en tenir à l’expertise de “sachants”. Les collectivités sont les plus à même de politiser et de traduire localement leur trajectoire bas carbone, un exercice transversal à court, moyen et long termes auquel s’essayent des villes comme Nantes, Niort, Strasbourg et bien sûr Totnes en Angleterre. Devant l’ampleur des mutations à opérer, le récit comme vecteur de mobilisation individuelle et collective est nécessaire. Or il fait encore souvent défaut.
Qu’on le baptise récit ou plus simplement projet politique, il questionne les représentations, les pratiques et pour les services, bouscule les métiers et les organisations administratives. Les enjeux croisés de santé et d’environnement, l’espace public à l’heure des nouvelles mobilités et de la ville du quart d’heure, l’alimentation en proximité ou encore la recherche d’un modèle économique plus circulaire sont des exemples de ces bouleversements à l’œuvre qui conduisent parfois à abandonner certains projets.
Pour accompagner ces changements culturels et professionnels, le projet managérial doit se faire le relais du projet politique. Un portage trop sectoriel des politiques publiques et des politiques ressources est un frein bien plus significatif que celui des moyens financiers dans la conduite de la transition écologique. Le “verdissement” suppose une montée en compétences et une expertise territorialisée, dynamisée par une approche managériale renouvelée en interne mais aussi dans son ouverture vers l’extérieur (dialogue citoyen, prolongement de l’action publique par des acteurs de la société civile). A Pau Porte des Pyrénées, la transition écologique a rejoint la feuille de route de la DG innovation et transformation, tout comme la participation citoyenne, afin d’accompagner, en lien avec les RH, toutes les directions dans leur mue.
Entre coopération territoriale et intervention de l’Etat, quelles opportunités pour les collectivités ?
Si nombre de collectivités souffrent d’un manque d’expertise en matière de transition écologique, faute de moyens, les collectivités ne peuvent se contenter d’espérer toujours plus de l’Etat. La coopération territoriale est un puissant levier pour dégager des marges de manœuvre techniques et financières. Et les exemples probants se multiplient !
Alors que les métropoles cherchent leur modèle écologique, les contrats de réciprocité, encore très peu développés, offrent de nouveaux modes de faire entre territoires urbains et territoires ruraux. L’essor actuel des projets alimentaires territoriaux ouvre également la voie à de nouvelles expériences de coopération entre collectivités dans laquelle réside sans doute une part de la réponse aux difficultés rencontrées par le monde rural.