En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Dernière trouvaille en date : les sous-préfets à la relance. Au lieu de produire de la norme dans les bureaux parisiens, des hauts fonctionnaires sont envoyés dans les territoires durement frappés par la crise. Leur credo ? Le terrain ne ment pas ! Des profils plus atypiques, tels qu’un directeur d’Ehpad, des administrateurs territoriaux ou des chargés de mission déjà en place dans leur préfecture, complètent le casting concocté par l’Etat. Tous ont vocation à faire du « sur-mesure » et à réunir « autour de la table les différents acteurs » du développement économique local.
Démarche exotique
Dans les services des collectivités, on rit jaune. Ces « couteaux suisses », comme on les appelle dans les allées du pouvoir, marchent sur les plates-bandes des intercommunalités et des régions, dont l’action économique a été pourtant consacrée par la loi « Notre ». A rebours de près de quatre décennies de décentralisation, ils rappellent furieusement les grandes heures de la planification des années 60. Une démarche particulièrement exotique au moment où l’Etat poursuit son désarmement industriel, se montrant régulièrement incapable de protéger les champions nationaux (Technip, Alcatel-Lucent, Alstom…) de l’appétit des prédateurs.
Valse baroque
Cerise sur le gâteau, cette arrivée des sous-préfets à la relance intervient après une valse baroque des préfets en pleine pandémie. Le discours sur le retour de l’Etat mérite mieux que ces gadgets, ou la résurrection d’un Commissariat général au Plan privé de moyens propres. C’est d’un manque d’unité de commandement dont souffre cruellement le pouvoir central. La multiplication des autorités indépendantes, agences, commissions, organismes et autres comités Théodule a sapé son autorité. Avant son départ, Edouard Philippe en avait dénombré 1 200. Face à l’ampleur de la bérézina économique à venir (un million de chômeurs au bas mot), c’est avant tout sur ce millefeuille-là qu’il convient d’agir.
Thèmes abordés