Les solutions de répit sont rares pour les personnes qui s’occupent d’un proche dépendant, et pas toujours adaptées. C’est pourquoi, en février 2019, a été lancée l’expérimentation nationale d’un dispositif de « relayage » à domicile. Le principe ? Un professionnel remplace l’aidant familial au domicile pendant une durée de trente-six heures à sept jours. Cette formule, appelée au Québec « baluchonnage », repose sur une dérogation au droit du travail, afin de permettre cette présence continue sur plusieurs jours.
Quarante porteurs de projet se sont lancés dans l’expérimentation, dont sept fédérations du réseau d’aide à domicile ADMR. Mais le démarrage est très long. « Tout était à construire et à adapter par rapport à nos activités habituelles : contrats de travail et de prestation, montage financier. Cela a pris beaucoup de temps », indique Eric Réthoré, directeur de l’ADMR de la Mayenne, qui a recruté et formé quatre elayeuses, et va réaliser sa première intervention. L’ADMR de la Loire-Atlantique est la plus avancée avec, après six mois d’activité, une dizaine de relayages effectués et plusieurs programmés. « Nous avions démarré dès 2017, bien avant l’appel à projet national, avec deux partenaires, l’APEI 44 et Alpha Répit, qui nous ont bien aidés », explique sa directrice, Laure Racaud. Le plus difficile a été la recherche de financements. Car la subvention allouée dans le cadre de l’expérimentation ne couvre que l’ingénierie de projet. Pour le reste, chaque fédération a fait appel à du mécénat public et privé : conseil départemental, caisse d’assurance retraite et de la santé au travail, fondations. « Ces aides financières nous permettent de limiter le reste à charge à 7 euros de l’heure. C’est la limite que l’on s’est fixée », indique Eric Réthoré. « Cela revient à 250 euros les trois jours de relayage, ou 125 euros après déduction d’impôts, ce qui reste envisageable pour un grand week-end, ajoute Laure Racaud, sinon, à 22 euros l’heure d’intervention, on arriverait à un montant total de 1 000 euros ! » Un coût prohibitif qui entraverait une démarche « déjà difficile psychologiquement pour l’aidant », pointe Eric Réthoré.
Personnel expérimenté
Il a fallu ensuite recruter des « relayeurs » : auxiliaire de vie, aide-soignant, accompagnant éducatif et social, infirmier. « On essaie de diversifier les profils, idéalement avec un diplôme du médicosocial », explique l’ADMR de la Mayenne qui, ne pouvant dégager plusieurs jours dans le planning de ses intervenants, a opté pour des embauches externes. L’ADMR de la Loire-Atlantique compte neuf relayeurs, recrutés pour moitié en interne, en privilégiant le savoir-être et l’expérience : « Ils sont polyvalents et interviennent aussi bien auprès de personnes âgées que de jeunes adultes handicapés, précise la directrice. Tous ont été formés à cette nouvelle posture professionnelle, qui n’est pas d’intervenir en plus de l’aidant, mais de remplacer temporairement celui-ci. » Ce dispositif doit enfin trouver son public, au-delà des clients de l’ADMR. « Nos partenaires nous en adressent, et de nouvelles familles se sont présentées spontanément après le confinement du printemps », rapporte Laure Racaud.
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Gazette des Communes, Club Santé Social
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