Impliquer la population dans la lutte contre l’insécurité. C’est le nouveau credo du gouvernement. Interrogée l’automne dernier, Marlène Schiappa, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, l’affirme : « En tant que citoyens, nous sommes tous acteurs et nous avons tous un rôle proactif à jouer en matière de sécurité. Chacune et chacun peut s’engager pour prévenir la délinquance et maintenir la tranquillité publique. » Pour la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, fini le temps où la sécurité ne relevait que de l’Etat, les citoyens doivent se prendre en main : « Sachant que l’Etat ne peut pas tout faire seul, toutes les initiatives sont saluées », martèle-t-elle. Et de citer en exemple la période de confinement durant laquelle les témoins d’actes de violences intrafamiliales ont été invités à se manifester et sont devenus « le trait d’union entre les victimes et les forces de l’ordre ».
Désormais, l’Etat attend donc « une implication plus forte de la population et de la société civile dans la prévention de la délinquance et la production de tranquillité publique », pour reprendre les termes de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe lors de la présentation, en mars 2020, de la stratégie de prévention de la délinquance. Ce document, qui fixe les priorités du gouvernement pour la période 2020-2024, a, dès sa publication en mars 2020, institué cet axe : « La population, nouvel acteur de la prévention de la délinquance ». Sur six pages, il liste des mesures à mettre en œuvre ou à généraliser : démarches participatives, marches exploratoires, rapprochement police-population dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, etc.
Tranquillité publique
Parmi les actions à privilégier, les « marches exploratoires », inspirées d’une pratique québécoise et organisées avec des groupes d’habitants pour relever les facteurs aggravants de la délinquance. « Un parking mal éclairé peut sembler être un simple sujet d’urbanisme, mais peut aussi être le terreau d’agressions sexuelles, de vols ou de vandalisme sur les voitures », argumente Marlène Schiappa. A Vitry-sur-Seine (94 600 hab., Val-de-Marne), l’espace de vie sociale Les Monis et la mairie ont initié, en mars 2019, une marche avec des femmes de la communauté asiatique, cibles de multiples agressions. « Cela a permis d’identifier des zones où elles n’osaient plus aller [arrêts de bus, parcs, parking du centre commercial…]. Ces sites font, depuis, l’objet de patrouilles renforcées de la police municipale », se félicite Mathilde Pinson, coordinatrice du CLSPD. Une marche du même type avait été réalisée en 2018 aux abords de la gare avec des usagers de la SNCF. « Nous avions ensuite, avec la SNCF, revu l’éclairage, les assises, la propreté, autant de points qui contribuent à la tranquillité publique », poursuit Mathilde Pinson. Cette spécialiste de la sécurité en est persuadée : « Il n’est pas possible de construire une politique de sécurité sans les premiers concernés, les habitants. »
Désormais acteurs, les administrés sont invités à participer activement aux opérations de tranquillité publique comme l’opération « tranquillité vacances », « voisins vigilants », etc. « C’est le concept anglais du neigbourhood watch, indique Thierry Chicha, le président et cofondateur des voisins vigilants, aujourd’hui implanté dans
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Gazette des Communes, Club Prévention-Sécurité
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