C’est à Mende, en Lozère, que François Sauvadet, nouveau ministre de la Fonction publique, a dévoilé, jeudi 28 juillet 2011, le rapport du conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) sur les « Perspectives de développement du télétravail dans la fonction publique ».
« Le télétravail peut être une chance pour nos territoires mais il peut, et il doit aussi, être une chance pour l’amélioration des conditions de travail de l’ensemble des agents de la fonction publique », a souligné le ministre.
Le plus fréquent : un à trois jours au domicile – Trois champs d’étude ont été retenus par les auteurs de ce rapport, tous trois ingénieurs des Mines :
- le télétravail au domicile ou en télécentre,
- celui chez l’employeur, plus lié au nomadisme,
- et celui qui se pratique lors de crises.
La forme la plus fréquente de télétravail se pratique au domicile, un à trois jours par semaine. « C’est la modalité qui porte le plus de possibilités de développement, tout en maintenant le lien professionnel », notent les rapporteurs qui analysent le travail comme un mode d’organisation du travail, indépendant du statut des personnels.
Dans la fonction publique, seules une vingtaine d’expérimentations, récentes pour la plupart, ont été menées, surtout dans les établissements publics (Cnaf, Banque de France) et de grandes collectivités locales qui se veulent exemplaires en matière de développement durable et d’aménagement du territoire.
400 agents – Le conseil régional d’Auvergne et les conseils généraux du Cantal, de la Cote d’Or, de l’Hérault, du Lot, du Finistère, de l’Orne et de la mairie de Paris l’ont mis en pratique.
Mais le nombre de télétravailleurs identifiés ne dépasse pas un total de 400 agents.
Pour les agents, les gains se traduisent par :
- la réduction du stress des transports,
- un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée,
- la liberté d’organiser ses journées,
- des conditions plus favorables à la concentration et à la responsabilisation dans le travail
- et des gains de pouvoir d’achat.
Pour les employeurs, c’est le bien-être des agents, plus qu’une motivation économique ou managériale, qui les fait choisir cette voie : le rapport indique qu’aucune mesure de gains de productivité ou d’économies n’a été réalisée, hormis pour le centre d’appel de la ville de Paris.
« Le gain est donc actuellement indirect à travers l’amélioration des conditions de vie des agents et dans certains cas une baisse de l’absentéisme », relèvent les auteurs.
L’amélioration du service rendu aux usagers et l’extension des horaires de réponse aux demandes du public ont été peu explorées.
Autodiscipline et confiance en pré-requis – L’étude montre aussi que la réussite du télétravail suppose l’autodiscipline du télétravailleur et la confiance de l’encadrement, à partir des résultats du travail réalisé.
« Elle bouleverse les usages et interroge la capacité de la hiérarchie à fixer des objectifs clairs et à contrôler les résultats », mentionne le rapport qui souligne que l’extension du télétravail nécessite d’être accompagnée mais que ce mode de travail n’apporte pas de réponse aux situations conflictuelles, d’isolement ou d’insuffisance professionnelle.
A temps partiel pour éviter l’isolement – Le plus satisfaisant, le télétravail pendulaire, 2,5 jours par semaine, ne coupe pas les télétravailleurs du collectif de travail.
Le télétravail à temps complet a souvent été abandonné en raison de l’isolement qu’il crée.
La plupart des postes principalement administratifs (tâches de gestion administrative, d’étude et rédaction, conception de documents et contacts avec des interlocuteurs) sont compatibles avec le télétravail un à deux jours par semaine. Les métiers au contact du public, de la nature ou des équipements techniques sont exclus.
Mais du télétravail de courte durée (une demi-journée par semaine) est constaté dans le secteur social et la maintenance informatique tandis que des juristes, gestionnaires de dossiers standardisés, chargés d’édition et de communication et traducteurs peuvent travailler sur des durées supérieures à 3 jours par semaine.
Toutes les catégories de personnel sont concernées et se montrent intéressées par le télétravail. S’il n’a pas vocation à répondre aux problèmes d’insertion de travailleurs handicapés, plutôt demandeurs d’intégration dans la collectivité, il est utile au maintien ou au retour progressif au travail lors de problèmes de santé.
Limites techniques – Le rapport du CGIET montre aussi que, dans le secteur public, le télétravail ne sert pas à justifier des restructurations et transferts géographiques, comme dans le secteur privé.
Il suppose cependant un accès haut débit, loin d’être garanti sur tout le territoire, et la maîtrise de la sécurité des communications. Un accès externe aux systèmes d’informations nécessite en outre, pour l’employeur, d’identifier les informations sensibles ou confidentielles.
La numérisation systématique des documents, qui n’est pas un préalable au télétravail, le facilite.
Les organisations représentatives du personnel ont, quant à elles, exprimé des craintes (externalisation, perte de bureaux, inégalité de traitement), mais ne se sont globalement pas opposées aux expérimentations.
Leurs instances nationales pourront donner leur avis sur ce rapport qui leur sera présenté mi-septembre.
Les six préconisations du CGIET
La mission du CGIET suggère de favoriser un télétravail à disposition dans une organisation du travail responsabilisante, un ou deux jours par semaine, trois après une expérience réussie.
Elle préconise de :
- inciter les employeurs au télétravail en communiquant davantage sur les gains réalisés ;
- assurer un cadre sécurisant pour les télétravailleurs et employeurs, avec définition des conditions de réversibilité ;
- lancer des démarches projet définissant les aspects pratiques (domicile comme lieu de travail, management à distance, accompagnement des télétravailleurs et des managers de proximité) ;
- lancer des projets pilotes ;
- lancer un projet « TIC, management et travail » avec la DGAFP et la DGME ;
- encourager le télétravail dans la mise en œuvre des plans de crise.
Références
Perspectives de développement du télétravail dans la fonction publique, CGIET, juillet 2011
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