Lorsqu’il parle à un petit de 3 ou 4 ans, il s’accroupit pour se mettre à sa hauteur et rompre le rapport de soumission. « Pour écouter un enfant, il faut du temps. Il faut être présent à cent pour cent, pas question de répondre à son téléphone », sourit-il dans sa barbe parfaitement taillée. En tant que tout nouveau Défenseur des enfants, Eric Delemar a l’intention « de faire marteler la parole de l’enfant ». Car, selon lui, les droits ne se concrétisent pas si on n’écoute pas d’abord. Son cœur se serre quand il lit dans une saisine écrite par un jeune, « on m’a orienté » vers telle ou telle formation. « L’enfant a besoin qu’on le protège, mais aussi qu’on le laisse se développer, sans être dans la performance et dans les enjeux des adultes. » Il faut donc prendre ce temps à prêter une oreille attentive, sensible, et renoncer à la position du sachant.
Travailleur social
Né en 1969 dans une famille ouvrière à Fougères, près de Rennes, Eric Delemar est très tôt témoin des effets dévastateurs de ce qui va devenir la mondialisation. Dans les années 80, ses parents vivent les licenciements massifs qui accompagnent la fin de l’industrie textile en France. « Mon père était délégué syndical et conseiller prudhommal. J’ai vu passer à la maison des ouvriers assaillis de doutes et de peurs », se souvient-il. A cette époque, où le rôle paternel est encore très central dans la famille, voir ces pères fragilisés est encore plus déstabilisant.
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Eric Delemar hérite du sien le désir de venir en aide aux autres, mais
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