Le Covid-19 accélerera-t-il encore le développement fulgurant de la start-up française Outsight et de sa caméra 3D sémantique ? C’est l’espoir de son fondateur, Raul Bravo, qui affirme que sa technologie permet de surveiller efficacement le respect des gestes barrières, tout en respectant la vie privée des personnes. Un travail relativement simple pour la start-up, qui s’est appuyée sur les propriétés existantes de son système laser de surveillance des foules pour y ajouter des fonctionnalités lui permettant de calculer la distance entre les personnes, ou de repérer l’absence de masque de protection.
Une seule image 3D pour suivre tous les individus d’une foule
“Nous utilisons un lidar 3D, c’est-à-dire un laser, explique Raul Bravo à l’Usine Nouvelle. A la différence des caméras, il ne génère pas d’images mais mesure les distances, les formes et la taille des objets de manière très précise, ce qui permet de suivre un flux de personnes”. Autrement dit, l’appareil, qui traite la majorité des données en son sein (en edge), ne visualise que des silhouettes, prévenant ainsi toute tentative de reconnaissance faciale ou d’identification des individus surveillés à partir d’une base de donnée préexistante.
Autre avantage : là où une caméra (par exemple associée à de l’apprentissage machine) ne perçoit que son champ de vision, les lidars travaillent ensemble pour récréer un espace unifié. “Nous fusionnons les données de tous nos lidars pour générer une seule image 3D en temps réel”, explique Raul Bravo. Une manière d’éviter les zones de hors-champ tout en limitant la puissance de calcul nécessaire pour suivre tous les individus d’une foule. « Nous suivons tout le monde, tout le temps, mais sans les reconnaître« , résume l’entrepreneur.
Surveiller les gestes barrières dans les grands espaces
En collant des « étiquettes numériques » aux individus, il devient alors possible non seulement de repérer les éventuels engorgements (comme Owkin le proposait déjà), mais aussi de ne pas perdre un individu qui n’aurait pas respecté les gestes barrières, ou dont un autre système de détection aurait indiqué une température anormale (que la caméra ne détecte pas elle-même).
“Une fois que nous savons que telle personne a une température trop élevée, parce qu’elle est passée dans un portique qui nous l’indique par exemple, nous sommes capables de la suivre à tout moment ce qui permet d’envoyer un agent faire une mesure plus précise”, explique Raul Bravo, qui indique aussi que le lidar peut repérer l’absence de masque de protection.
Pour la start-up, déjà positionnée sur la gestion des foules, adapter son système au maintien de la distanciation sociale n’a été qu’une question de jours. Des fonctionnalités qui ne sont pas imposées à leurs utilisateurs rappelle Raul Bravo, qui pointe que si des caméras d’Outsight ont récemment été installées par le groupe ADP dans l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle (qui a aussi annoncé la mise en place de caméras thermiques), elles ne servent pour l’instant qu’à surveiller les flux de personnes.
Avec le déconfinement en cours, la start-up, qui emploie 35 personnes, précise avoir reçu plusieurs marques d’intérêt (notamment étrangères) de la part d’opérateurs de transports et de gérants de lieux publics, sans toutefois dévoiler de noms
Cet article fait partie du Dossier
Ville du futur, ville sûre : la surveillance
Sommaire du dossier
- Surveillance de l’espace public : jusqu’où les villes peuvent-elles aller ?
- Londres, Moscou, New Delhi.. Les expérimentations de la reconnaissance faciale et leurs dérives
- La ville de Boston interdit timidement la reconnaissance faciale aux forces de l’ordre
- « Cette société cache en réalité une volonté de contrôle » – Diana Filippova, politiste
- Le laser d’Outsight se met à la surveillance des gestes barrières
- Covid-19 : Le Conseil d’Etat interdit la surveillance policière par drone
- Tranquillité publique : ces applis qui améliorent le cadre de vie
Thèmes abordés