Dès son arrivée, il y a plus d’un mois, dans son bureau de la mairie de Lille, Patrick Pincet a orné les murs nus de deux cadres qui ne le quittent jamais. Une peinture néo-expressionniste figurant un révolutionnaire espagnol et un large portrait de Gérard Jacot, son mentor. La toile est l’œuvre d’un artiste républicain barcelonais réfugié à Belfort ; la photo, celle de l’ancien secrétaire général de la commune du Haut-Rhin, auprès duquel il a quasiment tout appris. « Il a été, pour moi, une référence absolue en matière de déontologie, d’éthique républicaine, d’imagination, en termes de politiques publiques. »
A l’époque, Patrick Pincet a 23 ans. Tout frais diplômé de Sciences-po, il débarque comme adjoint de Gérard Jacot dans la patrie de cœur de Jean-Pierre Chevènement, député maire de la ville, dont il fut, l’année précédente, l’assistant parlementaire. « J’étais notamment impliqué dans les dossiers économiques, d’éducation et de défense. J’assurais aussi le lien avec les dossiers de la ville de Belfort. »
Compétence locale
Un pied dans le territoire avant même d’y être, le jeune homme y observe la politique locale. Au même moment, il hésite à présenter l’ENA. Le hasard décidera pour lui. « Je n’avais pas validé mon diplôme de sciences politiques à cause de l’anglais que je devais repasser en septembre. Du coup, j’ai raté l’inscription au concours. » Qu’importe. L’heure est au déploiement de la décentralisation, les départements sont alors en pleine émergence et l’argent ne manque pas. L’appel de la territoriale est le plus fort.
« Cela m’ouvrait la perspective de me retrouver très vite dans des responsabilités opérationnelles, plutôt que d’aller peupler les sous-pentes des ministères », se souvient-il. De fait, pendant neuf ans, il affûte ses armes à Belfort auprès de Gérard Jacot. Qualifié de « véritable maire du Palais », il a la confiance absolue et l’amitié de Jean-Pierre Chevènement.
Mais le décès de son mentor, en 1997, et le départ de l’élu, nommé au ministère de l’Intérieur la même année, signent la transition de Patrick Pincet vers les services déconcentrés de l’Etat.
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