« Fais attention ». « Arrête-toi ». « Donne-moi la main »… Entre danger ressenti et réel, le chemin vers l’école ou la simple sortie à la boulangerie du coin s’accompagne bien (trop) souvent d’une litanie d’injonctions parentales. Adultes stressés ou enfants insouciants ? Alors que la journée mondiale de l’enfance était célébrée ce 20 novembre, l’urbaniste et paysagiste suisse Marcos Weil (Urbaplan), tranche : « La ville est malheureusement devenue hostile à l’enfant, non pensé de l’aménagement des espaces publics. » Un « oublié », enchaîne l’architecte Béatrice Mariolle.
Loin d’être un espace ludique, de découvertes et autre socialisation, la rue reste donc pour ces jeunes un lieu essentiellement de déplacement… sous escorte rapprochée. Le constat est connu ; le diagnostic largement partagé. Entre les voies routières et les espaces de stationnement, la place laissée à la voiture est pointée du doigt. Selon la formule du médecin suisse Marco Hüttenmoser, « laisser les voitures en liberté, c’est mettre les enfants en cage ! Résultat, l’espace qu’ils peuvent explorer de manière indépendante a connu une diminution drastique. De ce fait, ils restent dans une situation de dépendance. » Un constat d’autant plus préoccupant que « l’exclusion des enfants de la rue peut avoir des répercussions sur leur développement, complète Florence Huguenin-Richard, maîtresse de conférences en géographie urbaine et sociale à l’université de Paris-Sorbonne. Un fait qui peut affecter leur comportement en général et leur autonomie de déplacement en particulier ». Fondateur, en 1988, de l’association La Rue de l’avenir, Denis Moreau appuie ce propos : « Non seulement la ville constitue un terrain d’expérimentations essentiel à l’enfant, mais il en a aussi besoin pour bouger, tout simplement. »
Génération vélo
Sur l’espace public, les jeux et autres relations sociales sont donc circonscrits à des sites dédiés. « Aires de jeux, squares, parcs… on a effectivement considéré qu’il fallait des lieux spécifiques pour les enfants, en fonction de leur âge. Mais non, tonne Béatrice Mariolle, il faut travailler sur les espaces des centres-villes, comme ceux des quartiers pavillonnaires périurbains et même des campagnes : les sécuriser pour que l’enfant puisse s’y balader, jouer, faire du vélo, aller à l’école seul. » Les apaiser donc, à travers une politique qui fait reculer la voiture. Puis qui « valorise et renforce les modes de déplacement doux, notamment pour se rendre à l’école », explique Tristan Debray, nouvel élu lyonnais, délégué à la ville des enfants, qui cite le pédibus et bien sûr le vélo. Même son de cloche à Rennes (216 800 hab.), où la volonté est de « créer une génération vélo », insiste Lucile Koch, adjointe chargée de la… ville à taille d’enfant. Ces intitulés de délégations sont apparus aux dernières élections municipales. Signe d’un changement amorcé ? « L’apaisement de la ville constitue certes une tendance qui n’est pas nouvelle », note Denis Moreau, dont l’association fait partie du collectif Rues aux enfants, rues pour tous ! (1). Depuis 2015, celui-ci a réalisé trois appels à projets pour mobiliser les collectivités sur l’importance de pacifier l’espace public. « Mais oui, peut-être que sous l’effet de la crise sanitaire, les municipales ont enclenché un mouvement », poursuit-il.
Rues scolaires
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