Il y a loin de la coupe aux lèvres. Autant qu’entre une recommandation ministérielle de télétravailler cinq jours et son application dans les collectivités, en ce début de deuxième confinement. La ministre du Travail comme celle de la Transformation et de la fonction publiques ont beau marteler que le télétravail est obligatoire, l’injonction bute sur le mur d’une réalité à laquelle on n’a sans doute pas assez porté attention, lors du premier confinement.
Oui, la capacité des collectivités, en mars, à se redéployer pour assurer la continuité des services doit être saluée et, oui, d’exception, le télétravail est devenu généralité, du moins dans son principe. Lors du premier confinement, nécessité a fait loi.
Zéro télétravail
Les choses ne sont plus aussi simples quand l’exception – le confinement « extra-ordinaire » de la population et des agents –, devient l’habitude, voire la norme. Et ce, cinq jours sur cinq. Le nombre d’agents placés en télétravail ne doit pas masquer le fait qu’ils sont encore plus nombreux à ne pas pouvoir l’être, de par leurs missions de terrain.
Et si les achats informatiques ont crû de plus de 20 % en 2020, signe d’une mise à niveau express, ils sont loin de concerner toutes les collectivités. « Télétravail proche de zéro dans les communes de moins de 5 000 habitants », estime le directeur général des services de Cosne-d’Allier, Dominique Filatre, qui cible l’absence d’outils. Voilà quelque 250 000 agents qui seront difficilement confinables.
Une adhésion relative
Autre évidence de la première vague, qui ne l’est plus aujourd’hui : l’adhésion plus que relative des élus et de certaines directions au télétravail généralisé. Par méfiance, mais aussi par crainte d’une forte progression des risques psychosociaux causés par l’isolement.
Ce décalage entre la volonté ministérielle et les pratiques de terrain n’est pas anodin. Il participe de la remise en cause des choix du gouvernement pour juguler l’épidémie, et de la moins en moins évidente adhésion aux restrictions aux libertés individuelles. Car ce qui est tolérable en temps de crise ne l’est plus quand celle-ci devient l’ordinaire.
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