Pacte vert de la Commission européenne, propositions de la Convention citoyenne pour le climat, résultat des dernières élections municipales : tous témoignent d’une volonté d’accélérer la transition énergétique. De nouveaux élus arrivent aux commandes de collectivités avec une appropriation variable de ce sujet, devenu incontournable. Nous proposons quelques repères pour bien aborder la question.
En France, la situation particulière de notre production énergétique a trop souvent conduit les débats dans un affrontement bipolaire « renouvelables versus nucléaire », occultant le fait que l’électricité représente moins de 25 % de notre consommation d’énergie finale, contre 62 % pour les hydrocarbures.
Transports, alimentation…
Les émissions de gaz à effet de serre sont d’ailleurs sensiblement identiques pour ces deux modes de production et ce sont d’autres critères qui doivent servir à l’arbitrage : déchets, sécurité, consommation foncière, développement territorial et social, besoin d’eau…
La démarche négaWatt avait formulé avec sagesse la manière de prioriser les actions en matière de transition énergétique : sobriété, efficacité, renouvelables. Cette approche ne relève pas de l’idéologie, mais du pragmatisme : à efforts et investissements équivalents, la sobriété et l’efficacité apportent généralement de meilleurs résultats que les renouvelables. L’énergie la plus verte et la moins chère reste celle que l’on ne consomme pas.
Le défi, pour les collectivités, est que ces actions sont par nature moins tangibles que des équipements de production : il leur faut donc réussir à les rendre visibles pour diffuser le message de leur engagement.
Si l’expression « transition énergétique » recouvre aussi la lutte contre le réchauffement climatique, pour cette dernière il est plus efficace d’agir sur d’autres curseurs que l’énergie proprement dite. Les transports et l’alimentation représentent en effet chacun plus du quart des émissions de gaz à effet de serre françaises.
La Convention citoyenne pour le climat ne s’y est d’ailleurs pas trompée : 60 % de ses propositions concernent ces deux secteurs.
Exemples à suivre
Quand on sait que, selon le menu dans l’assiette, on peut diviser par dix le bilan carbone de celle-ci, on réalise combien les dirigeants disposent là d’un levier d’action puissant, rapide et nécessitant peu d’investissements.
Pour les transports, les inspirations ne manquent pas non plus : transports en commun gratuits de la communauté urbaine de Dunkerque, villes et régions européennes cyclables.
Les retours d’expérience sont maintenant suffisamment nombreux pour rassurer les collectivités qui voudraient suivre ces exemples.
Plutôt que de se focaliser sur des équipements ou des projets technologiques, symboliques, mais dont la contribution est quantitativement négligeable, c’est en réfléchissant d’abord aux usages de leurs citoyens que les collectivités locales peuvent remplir pleinement leur rôle de meneuses de la transition énergétique : leur proximité avec les citoyens et leur zone de vie les place dans une position privilégiée, comparé aux institutions nationales et supranationales.
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