On a coutume de l’appeler la « troisième force de sécurité du pays ». Mais quel est exactement son rôle ? Plus de vingt ans après la loi « Chevènement » qui a défini les fondements de la police municipale, la réponse se fait encore attendre. Car, en dépit de l’essor formidable des effectifs – de 5 000 agents en 1980 à 23 000 aujourd’hui –, les divergences demeurent nombreuses sur les missions des « PM ». Impossible, en effet, de comparer les cohortes armées des grandes villes et l’îlotier du village.
Confusion
Le sujet devient d’autant plus brûlant que le gouvernement a manifestement décidé de placer la question sécuritaire au centre de son agenda jusqu’en 2022. Au plan national, les récentes escarmouches entre le ministre de l’Intérieur et le maire écologiste de Grenoble sur les prétendues insuffisances de sa police ont encore démontré la confusion qui règne sur les missions, édictées – il faut le rappeler – par le maire et lui seul, et l’absence de « doctrine d’emploi » partagée.
Dans ce contexte, l’expérimentation lancée au creux de l’été par le Premier ministre afin de déterminer les missions de la police municipale de demain marque un tournant majeur.
Glissement judiciaire
Si l’enjeu affiché est d’alléger un certain nombre de procédures, comme accéder directement à des fichiers de la police nationale ou verbaliser les fumeurs de cannabis, le risque est grand de transformer un peu plus encore des polices municipales, de plus en plus présentes sur le terrain judiciaire, en une « police nationale bis ». Pour parer à cette tentation d’un nouveau transfert de compétences, il appartient donc aux élus, dans leur diversité, de réaffirmer leur attachement à une « PM » qui soit au service de la collectivité plutôt qu’à celui de la chaîne pénale.
Au moment où le débat sur la sécurité devient éruptif, l’établissement d’une doctrine d’emploi de référence s’impose afin d’ancrer le cœur de métier des « PM » et leur spécificité dans des notions consensuelles de proximité, de tranquillité et de l’indispensable partenariat avec l’Etat. L’occasion, en somme, de clarifier, une bonne fois pour toutes, le rôle et la place des polices locales dans le paysage de la sécurité.
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