«Il est hautement probable qu’une seconde vague épidémique soit observée à l’automne ou hiver prochain», note dans son dernier avis le conseil scientifique Covid-19, publié le 27 juillet.
Plan «20 grandes métropoles»
«Un “confinement local” plus ou moins important en fonction de l’épidémie doit faire l’objet d’une préparation dans les métropoles, zones de forte densité de population dans lesquelles les risques de propagation sont importants», note le Conseil scientifique, qui suggère de prendre modèle sur le plan développé par Public Health England en Angleterre ou sur les confinements localisés, notamment à Melbourne, en Australie, ou récemment en Catalogne.
Le conseil scientifique recommande donc la mise en place de plans locaux dans les 20 plus grandes métropoles françaises, menés par les directeurs de la santé publique, avec notamment une réflexion sur la prise en charge des lieux sensibles et la prise en compte des inégalités locales ainsi que la préparation d’une collecte anonymisées de données sur les cas.
Anticipant le dépassement des autorités de santé régionales, le Conseil recommande également la mise en place de stratégies de contact tracing au niveau local. «Ce plan doit aussi intégrer les hôpitaux et les structures de soins primaires comme les maisons de santé et les cabinets médicaux», ajoute le conseil scientifique.
Approche différenciée
France Urbaine, qui fédère les élus des grandes villes, salue l’approche recommandée par le Conseil scientifique, «car elle invite à repenser la gouvernance territoriale de santé en rapprochant les acteurs, que sont les territoires, l’Etat et ses Agences régionales de santé (ARS), à travers une approche différenciée, par ailleurs demandée par les élus».
A Toulouse, la réflexion commence à peine. «On a repris les réunions de crise au sein de la métropole, et on travaille en fonction des spécificités de chacun. L’idée est de maintenir les services publics malgré les contraintes de déplacement», détaille François Chollet, vice-président de Toulouse Métropole, responsable de la coordination de l’action contre le Covid.
Il se montre plus sceptique en revanche sur la mise en place localisée du contact tracing, évoquée par le Conseil scientifique : «Le contact tracing fait par l’ARS est performant et on n’est pas en mesure d’assumer cette compétence. Je vois mal comment on pourrait avoir les ressources pour le mettre en place.»
«Attention à ne pas transférer des responsabilités aux élus urbains, sur des leviers d’action sur lesquels ils n’auront pas forcément la main et sur lesquels aucun moyen d’agir ne sera assuré», alerte d’ailleurs France Urbaine, qui constate plusieurs points de friction qui pourraient freiner une réaction efficace, notamment sur l’accompagnement financier en cas de carence de l’Etat. Elle rappelle l’importance du couple préfet-maire en cas de confinement localisé.
«Si de difficiles décisions de “reconfinement” venaient à être actées, les métropoles et les grandes villes appellent à ce que ces derniers soient décidés et appliqués sur des périmètres très localisés. Les métropoles et grandes villes demandent à être à la manœuvre sur les modalités et que le préfet reste l’autorité coordinatrice afin de ne pas rompre la dynamique engagée par le couple préfet-maire, qui a prouvé sa logique et son efficacité ces derniers mois», conclut France Urbaine.
Incitation forte à l’utilisation de l’application StopCovid
Alors que très peu de cas contact ont été identifiés avec l’application StopCovid, développée sous l’impulsion du gouvernement, et alors que seulement 2,5 millions de personnes l’ont installée, le conseil scientifique renouvelle son intérêt pour son utilisation massive.
Il constate que celle-ci «peut jouer un rôle important dans le contrôle de l’épidémie en cas de reprise de l’épidémie et être un outil de contrôle de celle-ci si un grand nombre de Français l’utilise» et insiste sur le rôle des collectivités locales dans la communication autour de l’application : «La communication locale sera déterminante pour que l’application soit installée et activée par un maximum de personnes à l’échelon métropolitain, favorisant ainsi l’efficacité de l’identification anonyme des chaînes de contamination.»
Récemment, dans les Dernières nouvelles d’Alsace, des élus du Grand Est invitaient à l’installation de l’application : «Nous, élus du Grand Est, concluent-ils, avons été frappés en plein cœur par cette pandémie. Nous voulons éviter que le même scénario se reproduise. (…) Nous appelons toutes les Françaises et tous les Français à installer l’application StopCovid sur leur smartphone.»
Références
- «Se préparer maintenant pour anticiper un retour du virus à l’automne», huitième avis du Conseil scientifique Covid-19
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