Gérald Darmanin a réussi son baptême du feu. Vendredi 10 juillet, au lendemain de leur rencontre avec le nouveau ministre de l’Intérieur, les sapeurs-pompiers se disaient « rassurés » : la première rencontre a été « cordiale » et ils veulent y croire.
« C’est la première fois qu’un ministre, nommé le lundi, reçoit le jeudi les organisations syndicales de pompiers. C’est un signe favorable », commente Xavier Boy, président de la Fédération autonome SPP-PATS. « Il nous a reçu pendant une bonne heure, il a fait preuve de bonne volonté, et il a eu un discours d’honnêteté et de franchise », confirme Frédéric Monchy, président du SNSPP-PATS. « Il ne nous a pas dit : je suis le premier pompier de France. Il nous a dit : je suis le premier des vôtres, c’est sa formule. Il veut être notre porte-parole et notre avocat. Il sera à nos côtés », veut aussi croire Alain Laratta, vice-président d’Avenir Secours. « Il est ouvert au dialogue social et veut travailler sereinement. La première impression est bonne », renchérit Sébastien Bouvier, à la Fédération CFDT- Interco.
Preuve de sa volonté, le nouveau ministre de l’Intérieur a dès cette première rencontre a annoncé que la revalorisation de la prime de feu, réclamée de longue date, serait actée d’ici à la fin du mois de juillet.
Premier échange avec les représentants des sapeurs pompiers professionnels. Je me suis notamment engagé à signer d’ici au 31 juillet le décret relevant le niveau de la prime de feu.
Cela représentera pour chacun d’entre eux un gain mensuel d’environ 100 euros. pic.twitter.com/2Uiy1cCuOl— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 9, 2020
Pour rappel, après l’avis rendu par la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS) fin juin, le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale avait donné un avis favorable le 1er juillet, avant que le conseil d’Etat ne l’examine le 8 juillet. « Il a d’emblée confirmé les engagements de son prédécesseur, Christophe Castaner. Il s’est engagé à signer le décret à l’issue du projet de retour du conseil d’Etat, et à en assurer la publication avant la fin du mois de juillet », se félicite Alain Laratta. « Cette prime n’avait pas été revalorisée depuis 30 ans ! rappelle Xavier Boy. C’est donc une vraie avancée. »
Revoir le financement des Sdis
In fine, le gouvernement a donc tranché en faveur des sapeurs-pompiers, jusque-là pris dans un jeu de ping-pong entre l’Etat et les collectivités. « Nous avons obtenu la reconnaissance de l’Etat. Il faut désormais que les employeurs suivent », commente Sébastien Bouvier, à la CFDT Interco.
La mesure est en effet loin d’être anodine d’un point de vue financier. Elle représenterait, d’après les élus, 80 millions d’euros à la charge des employeurs. De quoi faire grincer des dents les départements qui, s’ils estiment la revendication légitime, n’ont eu de cesse de voter contre le texte et réclament un accompagnement financier.
« Les élus utilisent l’argument financier pour jouer avec le ministère de l’intérieur. Cela pose la question du financement des Sdis, estime Frédéric Monchy. La loi de financement d’aout 2004 est devenue obsolète avec la montée en puissance des communautés de communes, la Métropole du Grand Paris… Il faut réinventer, avec la loi de modernisation de la sécurité civile 2021-2022, le mode de financement des Sdis. C’est l’un des sujets prioritaires dont doit s’emparer le ministre. Et il nous a semblé réceptif. »
Réunions bilatérales
D’autres sujets explosifs attendent Gérald Darmanin : les violences, le secours à personne, la revalorisation du coût des carences d’ambulance privé, les retraites… « La réforme des retraites, on n’en veut toujours pas. La Sécurité est à genoux, la prime de feu doit être partout pour tous… », égrène ainsi la CGT dans un communiqué ravageur.
Enfin, alors que des clusters liés à l’épidémie de Covid-19 se multiplient en France laissant craindre une seconde vague, la question de la gestion de la crise, dénoncée par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France dans un rapport au vitriol, est d’ores et déjà sur la table. « Il ne faut pas, en cas de nouvelle vague, retomber dans les problématiques ministère de la Santé/ministère de l’Intérieur. Nous lui avons fait rapidement part de notre retour d’expérience et nous attendons les réunions bilatérales pour approfondir le sujet », précise Frédéric Monchy.
Jeudi 9 juillet, le ministre de l’Intérieur s’est engagé à recevoir en tête à tête chacune des organisations syndicales d’ici à la rentrée. Il leur a également promis un point d’étape tous les six mois sur les différents dossiers en cours.
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