Amandine Ferdinand, ingénieure en chef, promotion Wangari-Muta-Maathai (2019-2020)
Emilie Ruin, sur liste d’aptitude des ingénieurs en chef, promotion Wangari-Muta-Maathai (2019-2020)
La décentralisation des années 80 devait permettre de rapprocher la prise de décision des territoires, mais n’avait pas vocation à renforcer l’implication des citoyens. Fondée exclusivement sur la démocratie représentative, elle n’inclut pas le citoyen, qui se contente d’exprimer son avis lors des élections, au rythme des mandats.
Mais depuis quelques années se pose la question de l’équilibre entre démocraties représentative et participative : répondant à l’attente citoyenne, les pouvoirs publics multiplient les dispositifs de participation (budgets participatifs, design de projet ou de politiques publiques…).
L’initiative et la décision restent dans ce cadre à la puissance publique. Mais ne faut-il pas considérer aujourd’hui que le nouveau modèle démocratique devant être encouragé est celui de l’initiative citoyenne ?
Choix de société
Avec le référendum décisionnaire local instauré en 2003 et le référendum d’initiative partagée en 2008, la France a franchi une nouvelle étape dans la participation citoyenne. Les citoyens, auparavant simplement consultés sur les projets, sont devenus progressivement acteurs de la décision publique.
Ainsi, des associations modifient la répartition des rôles en assumant des compétences locales, comme Les Incroyables Comestibles, avec la gestion d’une partie de l’espace public, ou des parents d’élèves avec le transport scolaire par des pédibus ou le S’Cool (vélo à huit places).
Ce changement de posture permet d’aller plus loin dans les choix de société, d’envisager des solutions originales qui n’auraient pas forcément pu émerger autrement, voire qui n’auraient pas bien été comprises et acceptées par la population.
Ces nouvelles pratiques font évoluer considérablement la perception des politiques publiques par les citoyens, en les rendant responsables de certaines décisions et en leur faisant entrevoir la complexité de la décision publique. Elles peuvent être un bon moyen de rétablir la confiance des citoyens envers les instances et les exécutifs.
Sécurisation juridique
Trois défis se posent alors au cadre stratégique de collectivité en la matière : susciter l’initiative citoyenne, manager les équipes en incluant davantage le citoyen et accompagner les élus. Les collectivités doivent laisser aux usagers des pages blanches où peuvent s’écrire des projets auxquels elles n’ont pas encore pensé : l’ouverture des données au public est un champ d’expérimentation intéressant.
Sur le plan managérial, l’évaluation des politiques publiques doit être réalisée avec les usagers, et les fonctionnaires territoriaux jouent de plus en plus un rôle d’accompagnateurs de l’initiative citoyenne. Il leur incombe également la régulation et la sécurisation juridique de ces nouvelles pratiques.
Le troisième défi concerne les élus. Les cadres stratégiques doivent les accompagner pour qu’ils renforcent leur rôle de promoteurs et d’animateurs de la citoyenneté locale, de garants de l’égalité d’accès aux droits et aux services en accompagnant les plus fragiles et d’arbitres rappelant à la fois les droits et les devoirs du citoyen.
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