En ouvrant le débat sur la pénibilité dans la fonction publique, l’annonce de la suppression des catégories actives dans le projet de réforme des retraites a fait sauter le couvercle d’une marmite qui bouillait déjà depuis quelques années dans le versant territorial.
Cette notion de pénibilité se « résumait », traditionnellement, à la dangerosité et à la fatigabilité exceptionnelles de certaines fonctions : sapeur-pompier professionnel, policier municipal, agent des services techniques, fossoyeur… Des métiers intégrés au classement en catégorie active établi par arrêté interministériel depuis 1949. Celui-ci concerne, aujourd’hui, 6,5 % des départs à la retraite dans la FPT, selon une étude de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) (1).
Prise de conscience en cours
Mais en 2018 et en 2019, à la faveur de la consultation lancée par Jean-Paul Delevoye, alors haut-commissaire à la réforme des retraites, puis, en début d’année, de la concertation sur la pénibilité et les fins de carrière dans le public conduite par le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Action et des comptes publics, Olivier Dussopt, d’autres territoriaux pourtant classés « sédentaires » se sont mis à exprimer haut et fort une souffrance au travail.
Une souffrance physique, d’abord, pour tous ceux qui s’usent à porter des charges lourdes ou à travailler dans le bruit tout au long de leur carrière, sans que ces contraintes soient officiellement reconnues comme des facteurs de pénibilité. Et une souffrance psychique, aux causes multiples. Certains fonctionnaires de catégories actives peuvent être concernés, comme des sapeurs-pompiers soumis à une augmentation des incivilités dans certains secteurs.
Mais cette « nouvelle » souffrance au travail touche aussi les auxiliaires puéricultrices, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem), les travailleurs sociaux, les animateurs… Avec, pour conséquences, de l’absentéisme, des situations d’inaptitude au poste de travail, des reconversions compliquées, une perte d’attractivité pour les métiers territoriaux, entre autres.
C’est pourquoi une prise de conscience est en cours, en faveur d’une plus grande prévention. Des collectivités, des centres de gestion, des mutuelles déploient des initiatives. Employeurs, DRH et gouvernement étudient un plan santé au travail spécial « fonction publique ». La libération de la parole des agents aura été utile. Mais beaucoup doit désormais être fait.
Catégorie active
Un emploi public de catégorie active est un emploi, occupé par un fonctionnaire, qui présente un risque particulier ou des fatigues exceptionnelles. Les emplois sont classés en catégorie active par arrêtés ministériels. Tout emploi qui n’est pas classé en catégorie active est un emploi de catégorie sédentaire.
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Réforme des retraites : quels effets pour les fonctionnaires
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