Le personnage n’avait rien de consensuel. La vague d’émotion que provoque sa disparition en dit d’autant plus long. Avec le décès du patron des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian (LR), les Français constatent que le fléau n’épargne personne. Et surtout pas les élus. Ces dernières semaines, des édiles ont sacrifié leur santé, leur vie parfois, pour maintenir le lien avec leur population.
L’adjoint au maire de Chécy (8 700 hab., Loiret), Luc Tafforeau, a été le premier élu à succomber du coronavirus, le 23 mars. Depuis, deux premiers magistrats de villages en sont également morts : Jacques Lajeanne, 81 ans, à Beurez-Bauguay (130 hab., Côte-d’Or) et François Lantz, 74 ans, du côté de Saint-Nabor (500 hab., Bas-Rhin).
La Seine-Saint-Denis durement touchée
Le conseiller municipal de Montreuil et ancien vice-président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Jean-Charles Nègre, 71 ans, est également décédé du Covid-19, le 28 mars.
Les élus de son département, où les consignes de confinement n’ont pas toujours été respectées, sont particulièrement touchés par l’épidémie. Le maire de Tremblay-en-France, François Asensi, ainsi que ses collègues de Sevran, Stéphane Blanchet et d’Epinay-sur-Seine, Hervé Chevreau, ont tous trois été hospitalisés. Impossible de comptabiliser le nombre d’élus touchés. Mais les cas se multiplient ces derniers jours.
Le père de Thibaut Pinot atteint
Le père du champion cycliste, Thibaut Pinot, Régis Pinot à Mélisey (1 700 hab., Haute-Saône) souffre ainsi de problèmes respiratoires dus au Covid-19. La présidente d’Aix-Marseille-Provence, candidate à la mairie phocéenne, Martine Vassal est également atteinte.
Cela a été le cas aussi du patron du Grand Est, Jean Rottner, et de celui de la métropole de Nice-Côte d’Azur, Christian Estrosi, ainsi que du premier magistrat de Fontenay-aux-Roses, Laurent Vastel. Tous trois vont mieux.
Difficile distanciation sociale
Mais cette vague de contamination pose question. Selon André Laignel, numéro 2 de l’Association des maires de France, elle serait supérieure à la moyenne nationale. Rien d’étonnant, a priori à cela. Beaucoup d’élus locaux ont battu la campagne des municipales jusqu’au bout. Jusqu’à l’avant-veille du scrutin, les rassemblements de moins de 500 personnes étaient encore admis. L’assistance se pressait autour des édiles à la fin des meetings.
Certains élus eux-mêmes ont parfois eu du mal à se défaire de leurs réflexes. Surnommés « serre-la-louche » ou « toque-manette », il leur a fallu se faire violence pour ne pas répondre à l’adresse d’électeurs qui leur tendaient encore la main malgré les consignes de distanciation sociale.
Et, surtout, beaucoup d’élus ont tenu des bureaux de vote lors du premier tour des municipales, le 15 mars. Comme toujours, ils ont également fait la tournée des points électoraux.
Depuis le confinement, les maires sont sur le pont, oeuvrant au maintien des services publics essentiels et rassurant la population. Autant de missions qui les mettent au contact des autres. Moins que d’habitude certes. Mais les risques sont assurément plus grands pour eux que pour la majorité de leurs administrés.
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