A la date du 24 mars, plus de 12 000 personnes étaient hospitalisées et 1 300 autres étaient mortes des suites de l’épidémie de Covid-19, dans l’ensemble de la France.
Les régions Grand Est et Île-de-France sont les premières et les plus touchées, de même que le département du Morbihan. A ce jour, les mesures de confinement mises en place par le gouvernement depuis le 16 mars ne montrent pas encore leur effet, et le nombre de personnes contaminées, hospitalisées ou décédées des suites de la contamination au coronavirus ne cesse de grimper.
Depuis le 18 mars, l’agence nationale de Santé publique publie quotidiennement des chiffres sur l’épidémie, pour la France métropolitaine, à partir des données d’hospitalisations. Elles permettent de suivre au jour le jour et localement la situation dans les hôpitaux.
Pour vous donner une meilleure appréhension de la progression de l’épidémie par département ou par région — il n’existe pas de données à l’échelle des communes pour l’instant, nous avons choisi de nous concentrer sur quelques indicateurs principaux :
- l’évolution du nombre de personnes hospitalisées ;
- l’évolution du nombre de personnes en réanimation ;
- la répartition des personnes hospitalisées et décédées à l’hôpital par département ;
- la pression sur les lits de réanimation par département.
En ne regardant que l’évolution d’un jour sur l’autre, on se rend compte que l’épidémie ne croît pas de la même manière dans toutes les régions ; même si elle ne fait que croître.
Embolies hospitalières
Dans un article publié le 16 mars, trois épidémiologistes se sont penchés, avant la mise en place des mesures de confinement, sur les capacités du système hospitalier français et notamment en termes de lits de réanimation. Utilisant trois scénarios de dissémination du coronavirus, ils essaient de prévoir à partir de quel moment les lits de réanimation installés dans les régions ne seront plus suffisants.
Selon eux, les lits de réanimation en Corse d’abord, puis de la région Grand Est et de la région Bourgogne-Franche-Comté seraient rapidement surchargés.
«Dans le pire des scénarios, si rien n’était fait, le problème se serait rapidement généralisé à l’ensemble de la France et aucune stratégie de transfert des patients d’un endroit à un autre n’aurait pu fonctionner», complète Pascal Crépey, un des épidémiologistes auteurs de l’étude.
En effet, pour faire face aux surcharges locales, des transports de malades ont depuis été organisés en bateau depuis la Corse vers la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en avion et TGV médicalisés de la région Grand Est vers la Bretagne et les Pays-de-la-Loire notamment.
«Avec une dizaine de jours de recul par rapport à nos simulations, détaille Pascal Crépey, et par rapport aux données observées à ce moment-là, on voit que nos prévisions se sont confirmées, et qu’elles étaient peut-être un peu optimistes par rapport à la réalité.» L’équipe travaille à une mise à jour de ces calculs.
Les chiffres de ces derniers jours ont en effet confirmé ces premières analyses. Le graphique ci-dessous montre, pour chaque région, le nombre de personnes hospitalisées le 25 mars, et le nombre de personnes en réanimation.
A titre de référence, est également indiqué le nombre de lits de réanimation en 2018 ; depuis, d’autres lits ont été créés par les hôpitaux, et des cliniques privées en ont également mis à disposition. En outre, à Mulhouse par exemple, un hôpital militaire de campagne a permis la création de 30 lits.
Après une semaine de confinement complet, les départements les plus touchés sont le Haut-Rhin, le Bas-Rhin, le Territoire et Belfort et Paris.
En survolant les départements, vous pourrez lire plus d’information, sur le nombre de personnes hospitalisées, en réanimation et mortes des suites du Covid-19 à l’hôpital.
Des chiffres hétérogènes
Il est difficile de trouver les indicateurs les plus pertinents, mais les chiffres partagés chaque soir par le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, au niveau national, et par les ARS au niveau régional permettent de suivre l’avancée de l’épidémie.
Par exemple, le nombre de personnes dépistées n’est pas forcément cohérent au niveau national, donc n’est pas idéal pour comparer les territoires. En effet, les stratégies de dépistages ne sont pas forcément les mêmes sur tout le territoire : à Marseille (Bouches-du-Rhône), une politique de dépistage massif est à l’oeuvre, alors que dans le reste de la France, ce sont principalement les personnes hospitalisées qui sont dépistées.
D’autres données sont plus fiables. L’ARS de Bourgogne-Franche-Comté, par exemple, nous indique de ne communiquer que sur «trois données fiables : les cas confirmés hospitalisés, en réanimation et décédés». Ce sont celles que nous avons choisi de suivre.
Par ailleurs, elle ne diffuse ces données qu’au niveau régional, «car c’est à cette échelle que nous mutualisons les capacités hospitalières pour maximiser les capacités d’hospitalisation», précise l’agence régionale.
Surveillance de la mortalité et effet du Covid-19
Outre les chiffres transmis au jour le jour, Santé publique France poursuit également son travail de surveillance de la mortalité, à partir des déclarations de décès transmises par l’Insee et «qui permet, en comparaison avec les données historiques, de détecter un excès de mortalité».
Ces chiffres demandent cependant de patienter, notamment en raison du délai de transmission des actes de décès, mais ils permettront «d’estimer, au niveau national, régional et départemental, l’excès de mortalité induit par le SARS-CoV-2, quel que que soit le lieu du décès», nous indique la direction générale de la santé.
L’Insee a annoncé, le 26 mars, qu’elle diffusera également des statistiques quotidiennes sur les décès.
Les chiffres concernant les décès communiqués pour l’instant concernent uniquement ceux qui se produisent dans un contexte hospitalier. Ne sont pas ainsi comptés les morts dans les Ehpad, notamment parce qu’ils ne sont pas tous testés.
La direction générale de la santé (DGS) travaille cependant à une comptabilisation des morts dans les maisons de retraite et «l’addition des décès survenus à l’hôpital et de ceux survenus dans les Ehpad permettra de disposer d’estimations quotidiennes de la mortalité couvrant les deux principaux lieux de survenue des décès liés au COVID-19». La DGS précise en outre que «ceux survenant à domicile ou dans d’autres institutions représentant une faible part de cette mortalité».
Retrouvez ci-dessous un récapitulatif de ces principaux indicateurs, par département. Lorsque le nombre de lits de réanimation en 2018 est en rouge, cela indique les départements où le nombre de lits de réanimation en 2018 est inférieur au nombre de personnes accueillies en réanimation à ce jour. Et donc potentiellement, une situation de saturation.
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