Avec l’annulation progressive des événements puis le confinement, la culture, secteur conjoncturellement fragile, subit désormais le black-out de plein fouet. « Pour les acteurs culturels ayant un statut d’entreprise, les mesures nationales s’appliquent, mais la plupart des structures sont associatives, et il est indispensable de prendre en compte leurs difficultés financières, estime le président de la région Centre Val de Loire, François Bonneau. Région par région, avec l’ensemble des collectivités, nous devons décliner des soutiens spécifiques ».
Maintien des aides destinées aux spectacles annulés
Avant même que le confinement soit décidé, les régions annonçaient le maintien de leur soutien aux manifestations annulées à concurrence des dépenses engagées. C’est le cas de la Bretagne. « Toute subvention à un événement qui sera annulé sera engagée, la commission permanente de lundi votera tous les financements d’avril et de mai » assure le vice-président en charge de la culture, Jean-Michel Le Boulanger.
Pour la région du Centre-Val de Loire, les subventions seront versées en fonction des pertes subies. « Nous engageons un dialogue avec chacune des structures afin de les évaluer » précise le président de la Région. Le soutien de la collectivité, défini en fonction des conventions pluriannuelles, s’appuie sur des objectifs qui vont être réactualisés. « L’idée est d’assouplir les règles du jeu mais aussi de trouver les moyens permettant d’accélérer les paiements des subventions en lien avec le comptable public » détaille Pascal Mangin, président de la commission culture de la région Grand-Est.
Les agences culturelles régionales comme l’Office de diffusion et d’information artistique de Normandie ou Occitanie en scène détaillent, de leurs côtés, les conditions de versements des aides, au cas par cas, selon que la représentation est annulée ou reportée.
Des fonds spécifiques pour les situations les plus critiques
Les régions mettent aussi en place des outils d’évaluation pour identifier au jour le jour, par l’intermédiaire des agences culturelles régionales, les mesures de compensation nécessaires aux acteurs culturels. « En fonction de cette évaluation, nous définirons dès lundi le montant d’un fonds d’urgence, déclare Jean-Michel Le Boulanger.
Pour les élus et les services, cet exercice est difficile. « Nous sommes confrontés à la question du temps : les festivals de mai sont compromis, qu’en est-il pour juin ou juillet ? Se pose aussi à la question de la fragilité de ce secteur, les festivals ou les cinémas sont des économies précaires », ajoute Pascal Mangin. .
La région Ile-de-France a déjà annoncé la mise en place d’un fonds d’aide d’urgence de 10 millions d’euros pour le spectacle vivant, calibré en concertation avec les professionnels du secteur. Pour la région Nouvelle Aquitaine qui s’est engagé dans le fonds national, au moins 5 millions d’euros seront réservés aux associations sous forme de subventions directes, notamment dans les domaines de la culture, du sport et de l’Economie Sociale et Solidaire.
Le président de Régions de France, Renaud Muselier, a précisé qu’un Fonds local supplémentaire en faveur des autres secteurs qui ne seront pas concernés par les dispositifs de l’Etat, notamment les acteurs du tourisme, du sport ou encore de la culture sera mis en oeuvre.
Enfin, je vais me rapprocher très prochainement des collectivités locales, très impliquées dans le financement de la #Culture dans notre pays, pour que nous puissions unir nos actions, afin de soutenir au mieux nos acteurs culturels. #COVIDー19
— Franck Riester (@franckriester) March 18, 2020
Après la crise du coronavirus, soutenir toute la filière
Quant au président de la commission culture de la région Grand-Est, Pascal Mangin, il estime que « toutes les mesures régionales seront efficaces si elles s’imbriquent avec celles de l’Etat et des acteurs de secteur ».
Les élus s’accordent à reconnaître que leurs subventions aux spectacles ne pourront pas être pertinentes si l’Etat ne revoie pas les conditions d’allocations chômage (durée minimale de 507 heures durant les 319 derniers jours ) des intermittents du spectacle.
« Au-delà, Il ne suffira pas de faciliter et de compenser, il faudra ensuite que la machine puisse repartir lorsque nous serons sortis de cette période de confinement conclut Pascal Mangin. Et là, il nous faudra imaginer une action de soutien à la filière ».
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