Que font l’Etat et les collectivités avec 1000 euros de dépenses publiques ? Sensiblement la même chose si l’on en croit la ventilation par fonction des dépenses publiques 2018 publiée récemment par l’Insee. L’indicateur, créé lors du Grand débat de 2019, montre que les administrations publiques locales et leurs opérateurs (APUL) sont quasiment autant impliquées que l’Etat sur nombre de fonctions, y compris celles réputées régaliennes.
Politiques régaliennes partagées
En 2018, les APUL dépensaient ainsi 121 euros pour l’éducation contre 192 euros pour les administrations centrales. De même, les dépenses de protection sociale mobilisent 201 euros de dépenses publiques locales, contre 242 pour l’Etat. La sécurité n’est également plus à proprement parler une compétence régalienne. Sur 1000 euros de dépenses de l’Etat, 65 euros sont fléchés vers ce poste, mais les collectivités en dépensent désormais 34 de leur côté, notamment à cause de la généralisation de la vidéosurveillance et la croissance des effectifs de policiers municipaux.
En revanche, l’Etat décroche complètement par rapport aux collectivités dans les domaines de la culture-loisirs-culte (19 euros pour le premier, 94 euros pour les secondes), l’aide à la pierre et l’équipement collectif (11 et 84) et surtout l’environnement (6 et 82) qui sont en fait des compétences largement financées par les collectivités.
Les collectivités à l’épreuve
De plus, contrairement à une idée assez répandue, le développement économique n’est pas l’apanage des administrations publiques locales. Sur 1000 euros, elles consacrent certes pas moins de 189 euros, mais 74 % de cette somme est destinée à financer le transport, qui pèse de plus en plus lourd dans les budgets locaux. L’Etat s’est progressivement défaussé de cette compétence, n’y consacrant que 25 euros, mais dépense tout de même 160 euros pour le développement économique.
Enfin les administrations publiques locales n’ont pas de leçons à donner à l’Etat en matière de masse salariale et de rationalisation de leurs services administratifs. Malgré leurs efforts dans ce domaine ces dernières années sous la contrainte de la baisse de 11,5 millions d’euros des dotations entre 2013 et 2017, puis de la limitation de la progression de leurs dépenses de fonctionnement à +1,2 % par an via les contrats de Cahors, elles consacrent 177 euros aux services généraux, contre 118 pour l’Etat.
Mais malgré ces quelques différences, il serait bien inutile, aux yeux de leurs efforts financiers dans chaque grande fonction, de les opposer en permanence.
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