En 2013, la Gazette avait réalisé un palmarès de la vidéosurveillance pour les villes les plus peuplées. Six ans, et un mandat plus tard, le classement a été remis à jour. En 2013, on comptait environ 4 760 caméras dans 35 communes parmi les 50 les plus peuplées, c’est à dire les villes de plus de 90 000 habitants. Fin 2019, le total atteignait 11 470 et quelques caméras dans 47 communes, selon un décompte réalisé par la Gazette à partir d’informations recueillies dans les médias et auprès des mairies. Seules les caméras de surveillance de la voie publique – qui nécessitent une autorisation préfectorale – sont prises en compte dans ce classement ; celles dans les transports en commun ou sur les bâtiments publics ne sont pas intégrées à ce palmarès.
Douze nouvelles villes basculent
Avec plus de 2 600 caméras pour 346 000 habitants, soit une caméra pour 130 habitants, Nice (Alpes-Maritimes) reste la ville la plus couverte. Le nombre de caméras a été multiplié par 3,5 lors du second mandat de Christian Estrosi (LR), qui milite notamment pour activer sur ces images la reconnaissance faciale. Sur le podium des villes surveillant le plus ses administrés, Nice est suivie par Nîmes (Gard), Mulhouse (Haut-Rhin), puis Annecy (Haute-Savoie) et Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Douze villes ont installé un réseau de vidéosurveillance sur la voie publique depuis 2013, principalement des villes administrées par un élu de gauche, telles Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou Lille (Nord), seule ville parmi les dix villes les plus peuplées qui résistait encore jusque-là à la vidéosurveillance. Depuis, huit caméras ont été installées dans le quartier de Wazemmes, en 2016.
Outre ces douze villes, d’autres ont fortement augmenté leur parc. En tête, Toulouse (Haute-Garonne), Besançon (Doubs) et Annecy (Haute-Savoie). A Toulouse, Jean-Luc Moudenc (LR) a fait passer le nombre de caméras de 17 à 400 pendant son mandat, et promet, s’il est réélu, d’en installer entre 50 et 100 de plus.
Ce consensus en faveur des caméras montre quelques nuances, notamment en fonction de l’étiquette politique de la municipalité. Si les années 2014-2020 ont montré une forte progression, celle-ci est plus importante dans les villes administrées par la droite (Les Républicains et divers droite), où elle atteint 200%, et le centre (LRM et UDI) avec 126%, contre 63% d’augmentation pour la gauche (Socialistes, écologistes, communistes et divers gauche). Et début 2020, c’est dans les villes de droite que la couverture est la plus importante, avec deux fois plus de caméras par habitant que dans les villes administrées par un maire de gauche.
Trois villes restent encore exemptes de toute caméra de surveillance de la voie publique parmi les 50 plus peuplées, contre 15 en 2013 : Brest (Finistère), Saint-Paul (La Réunion) et Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Ce qui n’empêche pas, cependant, ces villes de poser des caméras sur certains bâtiments. Ainsi, Brest a voté le déploiement de caméras sur douze bâtiments en avril 2019.
Un déploiement important dans le reste de la France
Au delà des cinquante villes les plus peuplées, la vidéosurveillance s’est massivement déployée dans toute la France depuis 2013. L’Etat a soutenu financièrement ces installations à travers le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) qui permet d’accompagner communes et groupements de communes en finançant la moitié, au plus, du projet de vidéosurveillance proposé. Certaines régions et départements soutiennent également ces installations, comme en région Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes ou dans les départements de l’Oise, du Val d’Oise, de l’Essonne, de plus en plus présents sur les questions de sécurité.
Entre 2010 et 2017, plus de 2 500 projets de vidéosurveillance (création ou extension de réseau, CSU ou déport vers les forces de sécurité) ont été financés par le FIPD, selon un document du ministère de l’intérieur, représentant plus de 25 000 caméras de surveillance de la voie publique, réparties aussi bien en zone police qu’en zone gendarmerie. Depuis 2018, les subventions du FIPD sont gérées par les préfectures, à l’échelle départementale. Plus de 16 millions sont prévus pour ce programme pour 2020. Ces subventions ne sont pas suivies au niveau national et aucun document ne recense nationalement le nombre de caméras de vidéosurveillance déployées en France.
Le sud de la France est parmi le plus doté en caméras, avec les départements des Bouches-du-Rhône, des Alpes-Maritimes, du Var et de l’Hérault dans les dix ayant le plus demandé des financements pour des caméras grâce au FIPD.
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