Espaces ruraux pour l’emploi et la formation, maisons des services publics, relais services publics, MSAP et aujourd’hui MFS… Depuis près de vingt ans, des politiques publiques structurent ces lieux d’accueil des citoyens qui proposent un accompagnement personnalisé dans un lieu unique pour les soutenir dans leurs parcours administratifs.
Le nouveau label « France services » s’inscrit comme l’une des réponses apportées à la récente crise des « gilets jaunes ». Derrière cette labellisation, un objectif éminemment louable : éviter « l’errance administrative » des citoyens. Ce terme reflète parfaitement le désespoir ressenti par une partie de la population qui ne trouvait plus que les MSAP comme interlocutrices pour accéder à leurs droits et réaliser leurs démarches administratives. Le nouveau dispositif permettrait en cela une meilleure visibilité par les citoyens, par un effort qui semble déjà initié sur la « communication grand public ». Notons tout de même qu’un énième changement de nom et d’identité visuelle des maisons entraîne, à l’inverse, une confusion des usagers qui commençaient à se familiariser avec la dernière réforme de 2015.
Au-delà du guichet d’accueil
Par ailleurs, l’offre de services que les MFS devront désormais assurer est très ambitieuse, le champ des missions des agents d’accueil s’étant considérablement élargi à travers les neuf opérateurs partenaires désormais obligatoires. Cette polyvalence accrue pousse certains élus à se poser la question de répondre à l’appel à labellisation, dans un contexte où l’enveloppe financière – 30 000 euros – n’a, elle, pas augmenté. Or les contreparties locales sont inévitables pour assurer les exigences imposées par le nouveau cahier des charges (locaux, équipements et personnel en place) et les collectivités elles aussi mettent la main à la poche. D’où le grincement de dents entendu chez certains élus : « Le label « France services » bénéficie d’une communication pilotée par l’Etat. A quel moment parle-t-on de l’investissement, du soutien et de l’impulsion des collectivités locales, anticipée depuis parfois vingt ans sur certains territoires ? »
Notre association, Adrets, compte aujourd’hui 107 MSAP, dont 42 ont été labellisées. Une belle proportion est implantée sur le massif depuis plus de dix ans. Nos territoires souvent enclavés ont en effet ressenti depuis longtemps la nécessité d’un service de proximité mutualisé. Toutefois, des « MSAP historiques » n’ont pas été labellisées. Pourtant, au-delà de l’amplitude horaire d’ouverture exigée par le nouveau cahier des charges, la force de ces maisons réside bien dans l’animation territoriale que les agents impulsent, en allant au-delà de la fonction « guichet d’accueil ».
Elles dynamisent les initiatives du territoire sur la question des services au public en coordonnant l’offre locale, mais aussi en créant de nouveaux services souvent innovants et adaptés aux problématiques locales. Ce critère d’appréciation relatif à l’animation et au développement territorial n’est toutefois pas inscrit dans la charte France services. C’est pourtant bien, il nous semble, essentiellement à ce niveau qu’une exigence devrait être portée.
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