Deux cents millions d’euros. Le montant du surcoût des fusions de région a été répété à satiété dans le premier numéro de l’émission « Capital » de l’année, le 12 janvier sur M6. A une heure de forte audience, il est entré dans bien des têtes… Le drame, c’est qu’à aucun moment, ou presque, il n’a été comparé au budget total des régions, de l’ordre de 30 milliards d’euros. Soit donc une dépense supplémentaire de 0,66 %, un chiffre qui n’a absolument rien de déshonorant au regard des statistiques du privé.
Surcoût inévitable
Une fusion entraîne fatalement, ici et là, des alignements de salaire par le haut et quelques doublons. Elle génère toujours un peu de dépense au début. Mais elle ne doit être jugée qu’à l’aune du temps long. Et, surtout, n’en déplaise aux apprentis magistrats de la cour des comptes de M6, la réduction des frais généraux ne peut servir d’unique boussole au service public. L’aménagement du territoire est inscrit dans l’ADN des régions.
Dans les grands ensembles comme l’Occitanie ou le Grand Est, l’égalité entre les citoyens exige des relais de proximité. Les représentants de ces petites entités ont vocation à se rencontrer régulièrement pour mettre en musique les plans pour les transports, les dispositifs en faveur de l’apprentissage, les mesures d’aide aux entreprises. Tout cela a également un coût, bien sûr.
Train de retard
Mais c’est précisément sur cette question de l’harmonisation des politiques publiques que se situe l’angle mort de l’enquête de « Capital ». Les nouveaux grands ensembles ne sont pas parvenus à dégager un intérêt commun entre les entités qui les composent.
Leurs schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires se résument trop souvent à une synthèse entre les différents documents antérieurs (lire notre dossier p. 30). Ils ont un train de retard sur les mutations économiques et numériques en cours. Si elles veulent se montrer dignes des ambitions que la réforme territoriale a placées en elles, les grandes régions vont donc devoir mettre le turbo. Loin, très loin du clapotis télévisuel.